mercredi 23 octobre 2024

19, 20 octobre 2024, la FICIF nous reçoit.

 Comme chaque année, la FICIF nous a préparé une réunion de vol en région parisienne les 19 et 20 octobre derniers. Les aigliers étaient sept : Corentin R. , Jean-Philippe R. , Romuald De R. , Jean-Louis L. , Melissa M. , Titouan de C. , Aurélien D , Johanna, débutante sans oiseau, Valentin, débutant sans oiseau. Le premier jour, nous avons volé 35 lièvres dans des conditions compliquées, pluie, vent, dont trois ont été pris. Le deuxième jour, une petite dizaine de lièvres ont été vus, trois ont été volés deux pris. peu de chevreuils ni vus ni pris. Malgré un tableau assez faible (ce qui n'est jamais un but en soi), nous avons passé un bon moment en compagnie des chasseurs d'un jour venus pour un dimanche à la chasse. Un grand merci à la FICIF qui fait tant pour faire connaître la chasse sous toutes ses formes, et ainsi permettre à tout un chacun de s'informer de la plus belle des manières, en nous suivant sur le terrain. 

 

Réunion en région parisienne organisée par la FICIF.
         Nous sommes le 19 octobre 2024 et comme chaque année, Pierre de Lubersac et ses comparses de la FICIF nous attendent après avoir mis un certain temps à décider si ce rassemblement de chasseurs au vol se ferait ou non. En effet, les conditions météorologiques de ces derniers jours ont "noyées" la région sous plus de 90 mm d'eau. Mais la ténacité des ces gens est telle que les territoires se sont finalement ouverts à cette organisation. 
         Les fauconniers, autoursiers, esparveteurs, aigliers se présentent vers neuf heures du matin après, pour certains, plusieurs heures de route. Une courte présentation de Pierre est offerte et les groupes dispatchés. Les quelques suiveurs et chasseurs intéressés par cet évènement se joignent aux différents groupes qui s'éparpillent en Yvelines. Je ne vous conterai que la journée des aigliers car, n'étant pas divisible, je ne peux pas relater les aventures des autoursiers et des autres.
         Nous sommes huit aigliers ANFA et extérieurs, une future aiglière débutante, un jeune nouvel aiglier débutant sans oiseaux,  quelques huit ou dix suiveurs. Nous roulons jusqu'à Orsonville chez Monsieur Dugué, qui nous offre gentiment ses territoires souvent giboyeux. Il pleut légèrement ce qui peut gêner le vol de nos oiseaux. Nous entrons dans un grand champ de colza court encore tout petit. Le couvert est assez faible mais par ce climat, peut-être les lièvres seront présents. Certains d'entre nous démarrent en parapluie, ustensile utile contre la pluie, mais qui peut provoquer des situations inattendues. Un lièvre déboule devant moi, le temps de lancer le parapluie, déchaperonner, se dépatouiller du béret tombé dans l'action, le capucin est déjà bien loin. Mélissa le vole mais contre un petit vent, c'est trop difficile. Ari vole en bout de ligne, toujours contre le vent, sa forme ne peut remonter jusqu'au capucin. Un peu plus loin, Aurélien vole un lièvre qui part loin devant, contre le vent, le remonte et le coiffe prestement. Comme il a trois aigles à voler, il gorge Cheappy, et cherche Taïga, l'aigle de Christophe qui ne peut toujours pas nous suivre aigle au poing. Romuald vole aussi pendant cette traque. Corentin et son père ne voleront pas sur ce mouvement. Titouan non plus. Nous virons à droite et Jean-Philippe vole un lièvre en vent de trois quart, ce qui donne un petit avantage à l'aigle. Pourtant, si le vol fut ferme et franc, il n'y a pas eu prise. Titouan, dans les mêmes conditions, vole un lièvre franchement et, jusqu'au bout, ne lâchera pas sa soutenance. Il ne prend pas non plus. Dans la même traque Corentin, Moi-même, volent successivement sans conclure. Nous revenons vers les voitures en tournant autour de la ferme, un lièvre déboulant vers nous est annoncé par Aurélien placé haut dans le champ,  l'animal me fonce droit dessus, je ne sais pas quelle panique m'a prise, mais j'ai lancé Sarembay à trois mètres derrière moi alors qu'en attendant quelques seconde, je pouvais le servir royalement ; bilan un superbe manqué très mal orchestré. On fait des fautes à tout âge..... En rentrant aux voitures, Auréline vole un lapin malade qui se dérobe devant lui, cela fait grand bien à Taïga qui démarre sa saison. Le casse-croûte habituel est pris sur le pouce et le partage est bien sympathique. Nous reprenons l'après-midi avec un temps un peu meilleur ; il ne pleut plus, le vent est assez faible. Nous nous déplaçons de quelques centaines de mètres pour quêter les plantations d'estragon. Ici, les lièvres sont très durs à prendre, personne ne sait pourquoi, mais c'est un constat depuis des années. Ils sont aussi plus clairs, d'un pelage contrasté, et leur chair est particulièrement délicieuse. Nous entreprenons le champ dans le sens des sillons, juste en vent de trois quarts. Ainsi, l'aller et le retour seront d'égale efficacité. Les vols se succèdent à vive allure, les animaux sont bien présents. Jean-Philippe vole deux ou trois fois sans plus de succès, mais c'est le lot des oiseaux jeunes. Il leur faut comprendre le fonctionnement de la défense des lièvres. Il leur faut aussi acquérir une musculature suffisante pour atteindre le point de combat avec assez de réserves pour combler les esquives. C'est souvent là que pêchent les jeunes aigliers voulant aller trop vite en besogne. Ce n'est pas un défaut, c'est systémique. Un aigle demande plusieurs années de travail avant d'atteindre sa pleine puissance, On ne peut obtenir rapidement ce qui demande un certain temps de préparation. Sur le retour, Sarembay entreprend un lièvre qui part en retour. Il le coiffe à la sortie d'une flaque d'eau sale, il me faudra le laver ce soir. Je récompense car ce vol était suffisamment fort pour cela. Quatre vols pour un lièvre, c'est un bon résultat. Melissa, un peu plus haut dans le champ, vole un lièvre assez court que son aigle coiffe dans le labour voisin. C'est un vol court, vif, assez puissant, qui aboutit à une conclusion positive. Cet aigle est en montée, il nous en montrera d'autres. Titouan fait aussi des vols très intéressants qui pourtant n'aboutissent pas. Il faut tenir bon, cet oiseau promet beaucoup, il est jeune, très tenace, La chance ne va pas tarder à le servir. Je reste hors de la chasse en compagnie d'Emmanuel Filou, membre de notre équipage, suiveur assidu. Le reste des chasseurs court la plaine un peu plus loin dans un grand champ de betteraves d'où sortiront encore quelques lièvres sans pour autant qu'ils ne soient pris. Nous n'aurons pas vu de renard, pas de chevreuil non plus, 35 lièvres ont été volés, trois ont été pris. Malgré la pluie qui aurait pu attrister la journée, nous avons passé un très bon moment de chasse où tous ont eu la chance de voler trois ou quatre fois. Ce n'est pas toujours le cas, c'est bien de le noter. 
        Le lendemain, nous chassons au domaine de Marly le Roy. Ce domaine de 400 ha clos est peuplé de chevreuils, de sangliers, de renards, de lièvres. Nous avons trois bracelets de lièvre et un de chevreuil. C'est la journée de découverte de la chasse pour des profanes aimant à s'informer. Une vingtaine de suiveurs nous accompagnent dans une file de voitures qui ne tarde pas à se disloquer. Nous mettrons un peu de temps à retrouver tout le monde, mais tout se passera bien. Ari nous fait une présentation très didactique et pédagogique. Les consignes de sécurité sont expliquées aux enfants ainsi qu'à leurs parents. Ainsi, cette journée ne verra aucun incident. 

        Nous démarrons par le grand pré de droite, le long du mur d'enceinte, bordé d'un buisson haut tout du long. Quelques traqueurs se postent dans ce buisson en avançant tranquillement. La ligne est dure à tenir, les nerfs des chasseurs sont mis à rude épreuve, si bien qu'au bout de trois quart d'heure, il y a trois lignes qui ne se connaissent plus. Comme on dit quelquefois, c'est le bord.... Au bout du champ, quelques chevreuils butent contre un buisson très épais, et, comme les traqueurs ne connaissent ni notre chasse, ni le terrain, il quittent la traque, ce qui permet aux chevreuils de rebrousser chemin le long du mur. Échec sur toute la ligne. Nous nous réalignons pour le retour ; c'est cette fois-ci bien plus sérieux. Un premier lièvre quitte son gîte devant Mélissa qui le vole parfaitement ; je crois que c'est pris, mais la légère déclivité du terrain m'empêchait de voir le lièvre sortir des griffes de son aigle. C'est vraiment dommage car c'était un très beau vol. Corentin vole une chevrette qui sort du bois. Un vol un peu long pour elle qui montre qu'elle manque de fond. Aurélien jette aussitôt juste derrière, pensant que la direction prise par le chevreuil lui permettrait de voler le temps que Corentin récupère son oiseau. Mais c'est que ce chevreuil change de stratégie et de direction. Ce qui laisse le temps à Djaïna de voir l'aigle posé au sol, ce qui lui signale qu'elle à peut être quelque chose dans les griffes. Djaïna abandonne le chevreuil pour voler en direction de l'aigle de Corentin qui, fort heureusement, arriva sur les lieux à ce moment.  C'est mieux ainsi, c'eut été dommage de voir deux aigles si puissants se griffer. Nous continuons la quête de ce champ qui n'en finit pas. Un lièvre suivant gicle de son gîte devant Mel et Titouan, mais aucun ne vole. Le lièvre est loin de moi, mais, voyant que personne ne vole, je lance Sarembay qui prend le vent pour provoquer une accélération qui le fait rejoindre rapidement le fuyard. Il le rattrape en moins de temps qu'il en faut pour le dire et le coiffe magistralement à la vue de toutes et tous. Je rejoins Sarembay pour le récompenser et pour écourter le temps entre les vols. Nous continuons cette traque par un boqueteau d'où pourrait sortir un renard ou un chevreuil. Aurélien contourne un autre petit bois sur la gauche d'où sort un chevrillard qui prend la plaine plein nez au vent. Impossible pour Djaïa de rejoindre, une fois de plus c'est dommage car cet aigle mérite.

          Nous rejoignons les voitures pour le casse-croûte de midi. De multiples échanges de spécialités de toutes sortes déclenchent des discussions de quelques instants. Puis, nous repartons derrière la ferme centrale traquer les boqueteaux que m'a décrits Ari, absent cette après-midi. Les boqueteaux, bien plus épais qu'on ne me les a présentés, nous perdent et perdent le reste des suiveurs. Nous stoppons là cette débâcle infructueuse, ne permettant à aucun de voler quoi que ce soit. Nous nous rejoignons vers la ferme et entreprenons les arrières, composés de tirées, petites clairières, boqueteaux à dimensions humaines. Les quelques personnes qui nous accompagnent à ce moment, entrent dans les bois pour battre. Un lièvre me sort dans les lieds, je cherche mes voisins, personne, je vole et crie "ça vole". Le lièvre est déjà à quarante mètres de moi et part tout droit dans un chemin de deux mètres de large. Il ne fera aucun crochet, ce qui lui a valu de ne pas faire un plis. Sur ce deuxième lièvre du jour, je récompense définitivement. Aucun chevreuil ne sort des bois ni des tirées, nous ne verrons plus un lièvre. Comme l'heure avance et qu'il nous faut être dans trois quart d'heure au tableau nous sautons dans les voitures pour rentrer. Ces deux journées ont été intéressantes pour tous ; j'espère que les chasseurs d'un jour qui nous ont suivis n'ont pas été trop frustrés.          

           Un grand merci à la FICIF qui fait d'énormes efforts pour vulgariser et faire connaître la chasse sous toutes ses formes. Merci à Pierre et son équipe sans qui tout cela n'existerait pas. Merci à tous les fauconniers qui se sont déplacés quelquefois de fort loin pour assister et faire vivre ces journées.

dimanche 17 mars 2024

 



Jean-Pierre VIDAL, aiglier de longue date, nous a quitté hier soir entouré de sa famille. Il était un ami très cher. Créateur du Parc de COURZIEU, il était visionnaire en affichant des choix déterminés. La zoologie générale laissant place à la volerie spécialisée, il a montré aux lyonnais que leur montagne est accueillante en volant les plus grands rapaces dans les couloirs aériens compliqués des monts du lyonnais. Avec Christian PEYRON, il a monté l'équipage des aigles de Courzieu, l'un des tout premiers en France. Construit de leurs mains, ce parc est un exemple de courage et d'abnégation. Que de souvenirs en chasses dans les plaines de Feurs, chez les amis chasseurs de sa région. 

Il a maintenant rejoint les grands espaces. Les Aigliers de France présentent toutes leurs plus sincères condoléances à toute sa famille.

 

mercredi 7 février 2024

RÉUNION DE FIN DE SAISON 2024, LES AIGLIERS DE FRANCE

RÉUNION DE FIN DE SAISON 2024, LES AIGLIERS DE FRANCE

Jean-Louis Liégeois

 

Cette saison 2023/24 se termine ce week-end tant attendu par toutes et tous. Patrice Bourdier préparait ces moments depuis plusieurs années, mais tant le Covid que la grippe aviaire l’ont empêché de nous réunir. Cette fois ci, et le temps, et les conditions ont été remplis pour nous offrir un rassemblement de sept aigles pour chasser dans les plaines Poitevines. Aurélien Deniaud et Altin, Jean-Yves Thiefine et Toundra, Corentin Roussel et Azereix, Jean-Philippe Roussel et Diego, Steve Francis et Sid, Jean Dinguirard et Feuer, Moi-même et Sarembaï, se sont déplacés quelquefois de fort loin, pour cette rencontre de fin de saison. Un petit groupe est arrivé le jeudi soir au gîte de Monsieur Jean Turpeau à Agressais. Nous dînons ensemble une petite entrée préparée par Jean-Yves, un risotto aux coques préparé par Isabelle, des fromages de Steve et un dessert d’Alexis et Aurélien. Couché de bonne heure, nous passons une nuit correcte pour un réveil vers sept heures.

Nous prenons la route de Bonnes où nous étions l’année dernière. Un copieux petit déjeuner nous est servi où nous goûtons les charcuteries locales avant de partir en chasse. Le principe est très bon car les oiseaux sont souvent un peu endormis le matin et un départ pour la chasse différé est toujours bien perçu par nos oiseaux. C’est une commune très étendue (2600 ha) qui offre de grands bois contigus à de grandes friches et des cultures non moins importantes, avec pléthore de gibiers divers. Le terrain est plat avec quelques très faibles pentes en se rapprochant de la rivière. L’ ACCA de Bonnes nous attend avec son président Aurélien Brouard qui semble très heureux de récidiver par cette invitation. Un plan détaillé concocté par Patrice est déployé sur une fenêtre de la salle des fêtes. Les diverses progressions, les emplacements des spectateurs, tant profanes que chasseurs, les boqueteaux, les champs, tout est indiqué afin de ne pas se perdre, mais surtout pour ne pas créer de perturbation avec nos voitures. Une petite présentation de notre déduit que je partage avec Jean-Yves, notre stentor, est récitée aux nombreuses personnes venues découvrir cette chasse peu commune. France 3 est présente afin de révéler aux infos régionales l’existence de cette chasse ancestrale à un plus grand nombre. Nous avons toujours peur de ces retransmissions qui quelquefois peuvent être mal comprises, donc mal expliquées à des gens qui ne sont pas toujours coopérants. Mais c’est le risque, et c’est la raison pour laquelle nous insistons sur les consignes de sécurité annoncées.

Le départ pour la chasse est sonné par Corentin qui passe d’une couleur normale à un rouge écarlate qui en dit long sur les souffrances que procurent la trompe de chasse. Les groupes sont formés et nous nous déplaçons vers le Nord Est de la commune. Le but est en premier de cerner un bois duquel sortiront quatre chevreuils. Corentin est tout au bout du bois avec France 3 et il voit deux renards entrain de jouer sortant d’un buisson très éloigné. Corentin aime les renards…. Il déchaperonne et Azereix s’envole toute en puissance sur plus de trois cents mètres, mais les renards sont un peu loin et elle ne peut  les rejoindre. Pendant ce temps, un lièvre se défausse devant moi derrière une langue de bois qui court vers Steve. Le lièvre sort en bout de langue et Sid entame un vol de fou sur plus d’un kilomètre et demi, sans prendre bien sûr. Steve démarre par un footing qui lui fait récupérer son oiseau en dix minutes. On sent que la reproduction commence à déranger les oiseaux adultes qui font un peu ce qu’ils veulent. Corentin revole un autre renardeau qui se cale dans un buisson chez le voisin. Il est abandonné. Jean-Yves, de l’autre côté, vole un lièvre long qui se dérobe au manque de fond de Toundra. Lors de cette traque, je n’ai rien vu d’autre que le lièvre volé par Sid, les photographes qui m’accompagnaient tatassaient entre eux tout au long de la traque. Un fois les traqueurs sortis, nous revenons nous placer en ligne le long d’un champ gigantesque pour faire la plaine. Nous traçons en boucle ce champ où, de notre côté, aucun lièvre ne sera vu. Aurélien, de l’autre côté de la boucle, vole deux fois très loin (quand je dis très loin, ce sont des lièvres qui sortent de leur gîte à trois cents mètres ou plus devant nous).  Après avoir décoiffé ces deux capucins, nous ne voyons plus rien. Pourtant, dans un semblant de creux, un lièvre sort pas très loin de Jean-Philippe qui lance Diego. Il fait un très bon vol et recoiffe le lièvre sans prendre. Rassurez-vous, cela va durer toute la journée. Les lièvres, en fin de saison, sont si malins et usent de telles fourberies pour déjouer les attaques violentes de nos oiseaux, qu’ils en deviennent presqu’ imprenables. D’ailleurs, l’an dernier en Picardie, nous avons vu nos aigles refuser d’attaquer les lièvres bouquinant dans les éoliennes. Ils donnaient vraiment l’impression d’un refus volontaire, comme un bon chien qui blinque le lièvre ou le chevreuil. Nous continuons le tour de cette boucle géante, qui nous amène vers un bois que nous encerclons rapidement. Les traqueurs entrent au bois et un lièvre est lancé rapidement. Je me tiens aux aguets, n’ayant rien volé depuis le début. Mais ce capucin sort chez Jean-Philippe qui vole Diégo cette fois ci sans conviction. Aucun autre animal ne sortira de cette partie de chasse de presque 7000 pas. Nous nous déplaçons en voiture pour traquer un bois plus grand ; je suis Aurélien Brouard qui me place en haut du bois tout à fait derrière. Ce bois est très touffu et Gilbert se fait un plaisir en allumant quelques pétards dans les ronciers inextricables desquels sortent trois chevreuils (un brocard, une chevrette et son chevrillard) non loin de moi mais en montée ; c’est trop dur pour Sarembaï, je ne déchaperonne pas. Je les laisse se défausser vers Corentin qui, me semble-t-il, est bien placé au-dessus des animaux. Pourtant, il ne vole pas, ne déchaperonne pas, je ne comprends pas pourquoi. J’aurai l’explication plus tard ; il se trouvait dans la même situation que moi et voyait ces chevreuils bien plus haut, bien trop hauts. Un lièvre est lancé et je vois Jean-Philippe détaler dans le champ derrière, là où les chevreuils se sont dérobés. Le vol est long, je n’ai pas vu le lièvre, j’étais en affleurement de colline, mais la vigueur avec laquelle Diégo volait signifiait sûrement, qu’il ne devait pas être très loin devant. Nous rejoignons les voitures et  nous nous déplaçons vers un autre champ où des passants chasseurs ont vu des chevreuils couchés dans un chaume de tournesols. Nous prenons très large, comme pour faire un chaudron, je suis avec Aurélien et Alexis, en bout de pré. Les chevreuils sont couchés mais ils sentent vite une forme de pression se mettre en place. Tout en marchant, ils se déplacent doucement vers l’échappatoire du bout du champ. Les traqueurs filent pour leur couper la route, ce qu’ils font à merveille. Les chevreuils font demi-tour et galopent vers la grande  ligne où la plupart des aigles sont. Pendant ce temps-là, Steve vole un lièvre en bout de ligne sans plus de succès que le matin. Les chevreuils me passent devant, mais à quatre cents mètres, un peu loin pour un tiercelet. Ils lèvent un lièvre qui déboule sur la droite et je refuse de voler pour ne pas déglinguer la chasse. Dommage, il était un peu loin mais volable. Puis les chevreuils ne coupant pas la ligne, reviennent vers la seule échappatoire qui leur reste, forcer les deux chasseurs en retour. Au passage, je vois que la chevrette n’avait que trois pattes ce qui ne l’empêchait pas de galoper comme un lapin. La traque se termine sur notre ligne. Nous entreprenons maintenant un champ d’herbe assez sec qui donne une vraiment belle impression. Sitôt entrés dans ce pré, un lièvre se dérobe très très loin, si loin qu’Aurélien ne vole pas…. Corentin vole une première fois sur un lièvre assez court qu’ Azereix emmanche très fort, mais blinque complètement, elle se perche en bout de ligne et il la récupère rapidement. Aurélien vole un lièvre assez court aussi et le manque par une incroyable gymnastique de l’animal chassé. Le réclame et parfait. A mi- champ, un lièvre m’est servi sur un plateau ; sortie de gîte à 80 mètres, Sarembaï déclenche un vol puissant avec la décision qui se sent. Il monte sur queue et fond sans toutefois faire comme à son habitude, plonger comme un dératé directement sur la proie, mais en glissant à très grande vitesse au ras du sol à hauteur de lièvre. Il le griffe alors pleine tête, c’est la prise du jour. Je me dégage sur le côté hors de la vue des chasseurs pour leurs permettre de continuer la chasse. Une fois récompensé, je rejoins leur quête qui montrera encore et encore de très beaux vols, de très longs vols, mais plus de prise. Pendant le même temps, Corentin vole un second lièvre qu’ Azereix refuse en le blinquant totalement, elle pousse à fond sur ses ailes et se dirige vers la ligne électrique en face de nous. Elle se perche sur un des trois fils et, comme ça bouge un peu là-haut, elle pendouille sous le câble comme une chauve-souris. Tout le monde retient son souffle, surtout Corentin. A ce moment, elle se laisse tombe sur le pât jeté au sol pour la récupérer sans aucun dommage. Un gros Ouf de soulagement est entendu. La traque reprend et Aurélien trouve un lièvre gîté qu’il offre à Altin qui se lance correctement dans une chasse vive, et manque de très peu ce capucin assez malin aussi. Pendant la remontée vers les voitures, les aigles ont fait un champ enherbé comme celui que nous venons de terminer, là encore quelques lièvres seront volés, notamment un par Altin, toujours lui, qui décolle presque verticalement pour prendre de la hauteur, puis se laisse glisser et pique dans un fracas de vent et de plumes sur un lièvre qui stoppe net juste avant, et saute pour laisser passer l’aigle juste sous lui. La séance de coiffure est terminée pour cette après-midi, nous rejoignons  La salle des fêtes pour le tableau bien maigre, et pour le verre d’une amitié renouvelée qui devrait nous voir nous retrouver l’année prochaine. Merci Bonnes pour cette journée bien remplie, pour ces nombreux vols, pour vos terrains et gibiers magnifiques.

Nous rentrons au gîte pour une douchette et Nous remplissons le camion de Jean pour rejoindre la cabane de chasse de Thurageau pour le repas concocté par Patrice et son équipe. Une excellente langue de bœuf succéda aux amuses gueules tous meilleurs les uns que les autres accompagnés d’une sorte de « pousse rapière » tout à fait goûteuse. Une fois de plus, ils ont fait fort ces « dans les serres de Gilbert ». Afin de récompenser Patrice pour ses efforts de plusieurs années en notre compagnie, nous lui offrons une épingle de l’équipage, les larmes ne sont pas très loin, juste avant le café pousse.

Aujourd’hui, nous chassons à Frozes où nous étions déjà venus juste avant le Covid. Franck, président de l’ACCA de Frozes nous attend avec un casse-croûte copieux comme hier afin de délivrer les quelques consignes et leçons de choses, comme nous savons le faire. Tous apprécient toujours ce moment qu’on essaie toujours d’écourter, et que je m’efforce à allonger (sans le faire exprès, mais je suis bavard, et ça, c’est dur à corriger). Heureusement, aujourd’hui il ne pleut pas, nous sommes assis devant un verre et tout le monde écoute. Si hier quelques dizaines de suiveurs étaient présents, aujourd’hui, ils étaient plus près de cent. Comme il y a trois ans, Franck demande à ce que la ligne soit tenue et respectée. Nous verrons vite qu’aujourd’hui, ce sera plus difficile. Une fois le repas pris, nous partons à pied vers les champs immenses que ces chasseurs de plaine nous proposent. Nous nous plaçons sur un chemin qui nous montre ce qu’est un alignement. Déjà, le groupe des aigles de droite est parti en avance ce qui donne une espèce de courbure irrécupérable à notre ligne. Sur la gauche c’est le contraire, bref, un méli-mélo se construit pendant que quelques lièvres partent très loin devant nous. Une fois arrivés à ligne de chemin de fer, le groupe se répand à gauche et à droite de cette ligne si bien que nous ne savons plus où nous sommes en quelques centaines de mètres. Dans les hautes herbes près de la ligne, de nombreux lièvres décollent de leurs gîtes  aux sons des bavardages qui ont abandonnés la rigueur demandée pendant le repas. Un peu plus tard, un peu d’ordre est venu redresser cette traque un peu dilettante et lui redonner un peu de sérieux. Nous nous alignons perpendiculairement à la ligne de chemin de fer pour faire les petits buissons qui la longent et les sapinettes plantées pour les prochains noëls, généreusement garnis de chevreuils et de lièvres. Les vols fusent de partout mais aucun capucin n’est pris. Une chevrette blessée sort dans les pieds de Corentin qui lance Azereix. Elle montre une vraie force et une conviction grave sur ce vol court et très puissant. Elle passe vers le devant de la chevrette est la griffe sous la poitrine sans pour autant entrer les serres dans la chair. Ne tenant qu’un sabot, elle finit par lâcher ; C’est vraiment dommage car tout y était pour une prise sanitaire qui aurait enchanté les chasseurs locaux. Jean fera plusieurs vols de belle manière, là encore sans prise. Jean-Yves que j’ai oublié hier, à pratiqué comme hier, il a été placé par Franck en plein milieu de la chasse autour de laquelle nous tournons. Hier, il a fait quelques vols que son aigle handicapé par un défaut génétique et une malformation de la mandibule inférieure, lui cause des baveries dans les plumes sus-alaires quand il met la tête sous l’aile. En fin de saison, cet aigle manque cruellement de ressources pour prendre ces lièvres si habiles à se défendre. Il fera quand même 5 vols sans prise, comme tout le monde. Nous tournons autour d’un buisson duquel sort une chevrette que vole Aurélien sans conviction. Son aigle est vraiment incroyable de constance et de volonté. Ses vols souvent de plus de 500 ou 600 mètres, montrent une détermination incroyable. Une fois ce buisson contourné, nous descendons une sapinière de laquelle sortiront quelques lièvres dont un que j’ai vu volé par Jean-Philippe est Diégo sur 250 mètres avec un saut de deux mètres du capucin qui laisse Diégo passer dessous. Ensuite, Corentin vole un lapin, alors que son aigle blinque depuis deux jours les lièvres. C’est assez dommage car au même moment un lièvre sort dans les pieds d’Alexis qui vole aujourd’hui Sarembaï. Azereix se perche dans le buisson au-dessus de la garenne,  J’encourage Alexis à voler quand même, ce qui est une erreur de ma part, que j’avais déjà faite il y a trois semaines. Alexis me rend Sarembaï ne voulant assumer un accident contre cet oiseau qu’il respecte énormément. Le manque de rigueur général a déteint sur les Aigliers ou au moins deux d’entre eux. Nous en tirerons les conséquences pour l’année prochaine. Sûrement nous faut-il nous remettre à table et refaire la liste des risques encourus par nos oiseaux en cas d’erreur toujours explicable. Nous avons continué sur le retour vers le point de départ, en nous rapprochant du village, à voler successivement mais rien n’y fait, aucun lièvre ne sera pris. Nous rentrons à la salle de Frozes après que j’aie rendu Sarembaï à Alexis, calmé de cet énervement momentané. Une tombola a été tirée par la société de chasse, ce qui permet à quelques-uns de repartir avec un petit souvenir local. Le repas du soir est largement aussi bon et sympathique que celui de la veille. Jean, qui fêtait son 77 emme  anniversaire, nous offre deux magnums de champagne qui nous permettent de trinquer aux nombreuses années qui lui restent à chasser avec Feuer, son tiercelet d’aigle royal. Depuis peu avec nous, c’est un débutant aiglier qui se débrouille très bien avec son aigle ce qui n’est pas si simple. Cet âge fait de lui le plus âgé des Aigliers de France. Ainsi avec Hugo qui est le plus jeune, nous tenons les deux bouts.

Ce dimanche, ce sont les deux ACCA  qui nous accueillent, Lencloître et Thurageau. La somptueuse salle des fêtes dans laquelle nous sommes reçus, nous permet de renouveler la méthode, pas si mauvaise que cela, pour profiter du repas pour présenter notre déduit. J’en fais le plaisir à Jean-Yves qui adore cette épreuve. Si j’ai mis 28 minutes hier, il lui suffira de 15 minutes aujourd’hui. Le jambon mogettes qui nous est offert me rappelle la Vendée, pas si éloignée que cela d’ici.

Les terrains sont légèrement plus vallonnés que précédemment. Nous garons les voitures dans un chemin de champs et plaçons la ligne pour tourner sur un cercle de 3 kilomètres de diamètre. Au départ, quelques rares lièvres sortent d’un chaume ancien de tournesols broyés, aucun n’est volé. Nous avançons tranquillement vers un bois assez gros duquel rien ne sortira. Des pieds de cerfs énormes sont vus dans ce champ et les bois que nous a montrés le président de Thurageau la veille lors du repas, ne démentent pas. Sur les extérieurs du bois que nous venons de faire, les aigliers du bas vont vers un boqueteau où des sangliers ont été rembuchés. De ce buisson, sort un renard volé par Jean mais qui n’en veut pas puis par Corentin qui fait une remontée très puissante avec Diégo mais n’aura pas le temps ni la place de prendre. Pendant ce temps, nous attendons une réorganisation qui ne vient pas. Aurélien prend les choses en mains et nous demande de nous réaligner dans le colza que nous avons effleuré. La ligne se lance avec Sarembaï et Altin. Très vite je vole un lièvre très court que Sarembaï manque de rien. Aurélien lance quelques secondes plus tard Altin sur un lièvre court aussi et conclut de la même manière. Les aigliers de retour de leur ballade, se joignent à nous en ligne correcte, mais il faut rapidement redresser. Corentin vole un lièvre gîté, de belle manière, Diégo fait un vol puissant, mais, comme les autres, manque. A ce moment, une fois Diégo récupéré, Aurélien vole un lièvre qui, contrairement aux autres partis en montée, s’élance dans la descente à pleins godets. Altin monte comme il sait le faire, et plonge sur ce lièvre que tous nous croyons pris, mais il n’en est rien, il lui flanque un coup violent sur le côté et le lièvre rebondit littéralement au-dessus d’ Altin qui glisse sans griffer sous l’animal. Une seconde ressource et c’est un nouveau plongeon sans succès. Décidément, les lièvres poitevins sont aujourd’hui imprenables. Nous rentrons désormais vers les voitures sans plus y croire du tout. Un énième lièvre est sorti d’une haie épaisse juste devant moi. Je le vole et Sarembaï l’entreprend comme un avion de chasse. Il le remonte sans aucune difficulté et frappe avec une brutalité rare, et là encore, le lièvre est bloqué sous l’aigle, mais dans un coup de rein, il se libère. Nous n’y croyons pas, il le tenait, c’est sûr, et le relâche comme cela ? Non, ce n’est pas possible et pourtant si. Aucun lièvre ne sera pris. Les voitures sont là, les aigles débippés, remis en caisse et nous rentrons vers Lencloître pour un dernier verre. Nous remettons une épingle de notre équipage à Gilbert sans qui rien de tout cela n’aurait vu le jour. La dislocation est rapide car la route de retour doit éviter les bouchons et il reste encore des kilomètres à faire pour certains.

Pour moi, cette journée sonne la fin de saison ; je noue la longe ce soir après une gorge bien méritée, même s’il eut été préférable de le gorger sur une dernière prise. Aurélien a noué la longe avec Djaïa la semaine dernière, il fait de même avec Altin ce soir. Les Roussel pensent encore voler un peu, de toute façon, la fin sonnera le 29 cette année. Jean-Yves arrête définitivement Toundra qui va rejoindre un copain en volière. Espérons qu'il trouvera un remplaçant rapidement. Ces trois jours ont été merveilleux, les aigles ont fait plus de 80 vols avec un lièvre pris, ce qui en dit long sur la vélocité de ces animaux en février. Josef m’a toujours dit que prendre un lièvre après Noël était de l’ordre du coup de chance, je finirai par le croire.

Merci à toutes et tous, aigliers, suiveurs, cuisiniers, organisateurs, spectateurs, accompagnateurs, chasseurs de chaque mode, vous êtes nécessaires à la poursuite de notre Art.       

lundi 16 octobre 2023

Chasse en Ile de France, rénion F.I.C.I.F. 14.15. octobre 2023.

 Cette réunion marque notre ouverture 2023 ; Nous l'attendions avec impatience, le COVID nous ayant supprimé cette chasse l'an dernier. Le temps devrait être beau, en tout cas, sans pluie, notre pire ennemie. Il le sera.    

         Nous arrivons d'abord au Parc de Rambouillet pour charger les aigles de Romuald (Celui de Christophe et celui de Laurent). Ce sera pour eux une introduction en chasse un peu brutale. 

         Une quarantaine d'oiseaux sont attendus pour ces deux jours de chasse encadrés par la Fédération Interdépartementale des Chasseurs d’Île de France.  Pierre de Lubersac, administrateur, sera notre guide tout au long de ces deux journées.  

         Une quinzaine d'autours, une douzaine de buses, une dizaine de faucons, sept aigles seront présentés aux journées de présentation de notre mode de chasse. Pierre liste les consignes de sécurité, explique en général la chasse au vol, dispatche les différents groupes tout en désignant les chefs desdits groupes. 

        Nous partons sur une propriété tout près de Rambouillet, faite de grandes parcelles de diverses cultures. Des colzas, du rai-gras, des parcelles enherbées, des chaumes sur quelques 4 ou 500 hectares s’étalent devant nous. Nous entreprenons le champs chaumé qui nous semble bien attractif. Loin s'en faut, un seul lièvre se lèvera, c'est Ari B. qui le volera sans succès. Sa forme encore en plein début d’entraînement, manque encore de souffle pour tenir un vol long. Nous entrons ensuite dans une prairie plantée juste déchaumée ; le sol est très vert et comporte beaucoup d'abris. Les lièvres y sont bien et nombreux. Un léger vent peut perturber les jeunes aigles, c'est le cas avec celui de Mélissa M. Pour autant, il faut bien avancer dans un sens pour redescendre dans l'autre... Romuald de R. vole l'aigle de Christophe qui a de beaux restes. Il montre de très belles attaques avec des ressources nombreuses à chaque vol, néanmoins, il ne griffe pas. On a l'impression qu'il joue à chercher les lièvres et ne finit pas la poursuite. C'est, à mon avis, clairement un signe d'oiseau un peu haut en début de saison. Sarembaï vole un lièvre court* qu'il griffe à quelques 80 mètres, pourtant sans prendre. Le lièvre se dérobe après s'être libéré de la prise d'une patte. Dans cette zone plantée de rai-gras beaucoup de lièvres seront volés sans succès. Puis nous entrons dans une pièce de jachère cultivée avec quelques haies peu fournies. Légèrement en pente, nous l'entreprenons dans sa longueur, la pente sur la gauche. Corentin R. et son père, Jean-Philippe R. descendent  dans le bas, plus couvert. Deux ou trois chevreuils (un brocard, deux chevrettes) se dérobent en prenant le grand labour en montée. Corentin vole, Jean-Philippe vole son tiercelet qui entreprend parfaitement pour griffer pleine tête, mais le cri du chevrillard le fait lâcher. Plusieurs autres chevreuil seront volés sans succès dans cette parcelle fort giboyeuse. Nous rejoignons les voitures pour casser une petite croûte. Une heure de repos, et nous repartons en chasse. Nous contournons la propriété pour reprendre le champs de verdure. Plusieurs lièvres seront retrouvés planqués dans cette herbe grasse qui leurs offre un couvert magique. Romuald vole l'aigle de Laurent cette après-midi qui montre une belle vivacité, mais la technique est la même que celui du matin ; le vol est puissant, vif, musclé, mais le final ne fonctionne pas. Dommage car c'est un oiseau très dynamique. Melissa vole aussi quelquefois, peut-être sur des vols un peu longs qui cause une gêne importante à son aigle jeune. Nous tournons sur la gauche et à la fin de cette parcelle, Sarembaï vole un lièvre levé parfaitement par un suiveur assidu ; je le lance en plein travers, il trouve sa trajectoire vers le capucin pour le griffer à une centaine de mètres. Je connais bien Sarembaï, avec le peu de vols faits cette année, je ne le pensais pas capable d'un tel vol en début de saison. Sa décision au moment du départ du vol est sans faille, il ne fait qu'accélérer tout au long du vol pour griffer avec précision et détermination. Son âge justifie ce résultat, je pense. Pour autant, il reste de plus en plus compliqué à gérer dans le début de reprise d'affaitage chaque année. Mais dès qu'il entre en chasse, son mental se redresse et il devient doux comme un agneau. La plus grande frustration réside dans le fait de l'abaisser  plus que nécessaire pour éloigner ce comportement agressif de début de saison, heureusement, cela ne dure que quelques jours. Je nourris Sarembaï et la chasse continue. Corentin passe dans un fourré que nous avions battu il y a deux ans d'où nous avons sorti un renard qui n'a pas été volé. De ce même buisson, il déloge un renard que son aigle coiffe très rapidement, bravo, c'est vraiment bien accepté par les chasseurs locaux, et bien entendu, par l'aiglier qui récompense son oiseau pour le week-end.  C'est une jeune forme qui promet, elle est en bonne condition et elle a un très bon mental, ce qui est fondamental quand on entreprend  une forme d'aigle royal. Jean-Philippe, un peu frustré de ne pas avoir pris ce jour, avec pourtant de très beaux vole de son jeune aigle, reste sur sa fin. Je le réconforte en lui disant que son aigle est prêt, il ne lui manque qu'un petit coup de chance, et ça va arriver. 

       Nous aurons vu une bonne cinquantaine de lièvres sur cette journée, tous les suiveurs ont été enchantés de cette présentation conviviale, et ont découvert, émerveillés, le travail de nos aigles et l'équilibre qu'il peut y avoir entre les vols et les prises, malgré tout, assez rares. 


            Nous rejoignons  le restaurant où nous sommes attendus, Laurent G. nous a concocté un très bon repas apprécié de tous. La soirée sera assez courte puisque vers 10 heures 30, les départs commencent pour passer une nuit bien méritée. 

           Le dimanche nous nous déplaçons vers les extérieurs de Rambouillet, non loin de la précédente journée. 

           Nous entreprenons un champs de colza d'où ne sortira qu'un lièvre volé par Ari et sa jeune forme. Son vol est long, appuyé, sans griffer. C'est fort dommage car sur ce vol, elle s'est "rincée", et Ari le sait. Il lui faut lui donner du repos. Sortis de ce colza décevant, nous entrons dans un très très grand chaume vert assez récent. Nous y verrons de nombreux vols un peu similaire à ceux d'hier. Le nombre de lièvres est impressionnant, surtout le fait que ce sont de très petits lièvres, à peins âgés d'un mois et demi. Ce fut un étonnement de voir autant le levrauts à cette époque de l'année. Ils ont en plus une défense incroyable : ils collent littéralement au sol et ne se lèvent qu'au bâton. Sarembaï en prendra un sur un vol très déterminé. La frustration de Jean-Philippe continue, les vols de son aigle sont toujours aussi réussis. Corentin prend l'aigle de son père puis perd patience. J.P. ira le rechercher, heureusement, car dans le deuxième passage dans une luzerne, un beau capucin est levé dans de très bonnes conditions, son aigle donne tout ce qu'il peut et prend ce lièvre magnifiquement. Tout ceci comme une démonstration car tout le monde à pu voir. Corentin et Jean-Philippe nourrissent et terminent l'après midi. Peu de temps après cette prise, je vole un premier lièvre au départ du gîte dans les mêmes conditions que les précédents.  Dans un léger creux, je pense ce lièvre pris, puis nous le voyons se détourner en plein champs. Quelques minutes plus tard, des conditions similaires se présentent ; le lièvre est levé, Sarembaï le poursuit d'un vol décisif, il le griffe et là, il ne repartira pas. Je nourri et nous cherchons à servir l'aigle de Melissa qu'il faut récompenser. Plusieurs lièvres seront trouvés et présentés mais rien n'y fera, il semble réellement un peu "bas", ce que Melissa va corriger. 

        Ce jour, nous verrons entre 70 et 80 lièvres, quelques chevreuils beaucoup trop loin pour être volés.  Les animaux pris sont apportés au domaine de la FICIF pour présentation du tableau. Notre groupe aura pris quatre lièvres et un renard. C'est un premier week-end parfaitement réussi, plein de bonheur, par un très beau temps, tout ce qu'il faut pour satisfaire les plus exigeants. Quelques lapins, une dizaine de faisans et quelques perdrix viennent grossir le tableau. 

        Nous disloquons vers 6 heures, il ne reste que cinq heures de route pour passer une nuit bien méritée. Prochaine chasse, la nationale à Montauban, quatre jours consécutifs, ce sera dur, très dur.  

* : Lièvre court : Lièvre qui sort de son gîte tout prêt de nous, au contraire d'un lièvre long qui se lève à deux ou trois cents mètres devant nous.

L'autour de Julien

Sarembaï et son lièvre


L'aigle de Jean-Philippe sur son lièvre

Corentin et le renard

lundi 6 février 2023

CHASSE EN POITOU

   La réunion poitevine devait se faire comme à son habitude en décembre 2022. La grippe aviaire est venue bloquer ce rendez-vous de la 11emme année. Obligé d'annuler, nous avions gardé une possibilité de nous rencontrer en fin de saison si la situation s'améliorait. Ce qui fut le cas.     

        Gilbert L., contacté par l'ACCA de BONNES, planifie la réunion pour le début de février. Il contacte Mr WIBAUX de Bois Coursier à MARNAY pour la deuxième journée qui, finalement, passera en premier. Voilà le Week-end rempli, il n' y plus qu'à.... 

        Au départ, nous sommes trois, Aurélien D., Hugo G. et moi-même. Je contacte Guillaume A. qui semble pris par les études de sont fils et, pour l'instant, ne peut pas. Wilfried D. me contacte pour demander si Bois Coursier se fait ou non.  Très content de cet appel, je lui confirme que la réunion se fait. Le soir même, Guillaume me téléphone et me confirme sa présence ; je suis aux anges et préviens Gilbert que cinq aigles seront présents. 

        Nous voici donc sur le parking de Bois Coursier où Bernard W. nous attend, il est 9 heure 15. Tous seront là à l'heure, Jean-Yves T. sans oiseau, nous ayant rejoint dans le courant de la semaine. Guillaume est venu avec son fils Martin, qui pour l'occasion, pourra voler Altin, le tiercelet d'Aurélien. Ainsi, ce sont six aigles qui encercleront les bois et fouleront les champs. 

        Nous prenons un petit café, quelques tartines de pâté, un bout de fromage, un nouveau café, puis nous donnons le rapport. Monsieur WIBAUX nous encourage à faire en tout premier, un champ d’une sorte de Miscanthus qu'il n'a pas foulé de la saison pour nous. Nous allons nous poster rapidement en silence. Les traqueurs arrivent ensuite, suivis par les observateurs invités. Un lièvre se dérobe devant moi, mais Sarembay ne le vois pas. Puis plus rien jusqu'à la sortie où un renard gicle hors du champ non loin de Guillaume qui lance Volga. Elle coiffe et griffe le rouquin sans faillir, bravo et belle prise.

        Nous nous déployons dans la plaine face au petit bois d'où, habituellement, quelques chevreuils sortent. Les traqueurs sont conduits par les extérieurs pour le rabat. Aucun animal ne sortira de notre côté, pas plus que celui de Guillaume revenu après courtoisie. Aurélien et Martin ont vu trois chevreuils partir en rebrousse chez le voisin, ils ne seront pas attaqués. Puis nous nous alignons le long de la grande haie pour battre le champ qui l'an dernier nous avait donner l'occasion de voler quelques lièvres. Mais cette année, c'est un blé très ras et nous n'y lèverons aucun lièvre. Je lance pourtant Sarembay vers le bois où Gilbert lève un capucin qui ne se fera pas voir. Nous continuons par la battue du bois le long de la route. Tous les aigles sont placés, les traqueurs entrent dans le buisson pour le battre. Une chevrette se dérobe devant Wilfried qui me la signale. Nous sommes à deux cents mètres l'un de l'autre. Je la vois arriver quelques minutes plus tard et elle saute à quelques mètres de moi, je déchaperonne, Sarembay s'élance et part comme en promenade, sans se soucier de la présence de cet animal. Aucun autre aigle n'est présent, c'est manqué. Nous allons entamer la grande plaine. il nous faut nous aligner sur la route pour prendre le plus large possible. Il y aura bien quelques lièvres dans ce blé de 25 cm de hauteur. Je suis assez bien placé, Aurélien est sur le bout du milieu du blé, Hugo dans un coin, Guillaume derrière et Wilfried à ma droite. Un lièvre est lancé juste devant moi mais pas très loin d'Aurélien et Martin. Je déchaperonne plus vite que lui et lance Sarembay qui entreprend violemment cet animal. Il le griffe dans un écart puissant provoquant une giclée de rosée à la prise. La journée démarre bien, Gilbert est heureux, Bernard aussi, les invités encore plus. Nous reprenons la traque par ce champ gigantesque qui nous mène au bois du bout. Il semble qu'Hugo ait volé un lièvre sans prendre. Je ne l'ai pas vu, trop loin. Nous encerclons le bois du bout qui est battu rapidement. Un lièvre est volé par Oulan, l'aigle de Wilfried. Contre le vent, il fait un vol rapide est puissant de très longue distance. Guillaume qui suit la traque, vole très loin de nous un lièvre en retour qu'il ne prendra pas. Je vois un lièvre descendre de la traque vers moi pleine face ; je déchaperonne Sarembay qui part à pleine vitesse contre ce rouquin. Il ressource en arrivant dessus et reprend son vol en contre attaque dans le bon sens cette fois ci. Le crochet qu'il fait sans grande volonté de prise lui fera manquer ce lièvre qui continue vers Aurélien. Je reprends rapidement Sarembay et c'est Wilfried qui le vole encore une fois contre le vent, sur une grande distance sans prendre. Nous continuons de tourner ce champ qui n'en fini pas. Une fois l'arroseur traversé, un blé un peu fourni s'offre à nous. Deux lièvres quitteront leur gîte, l'un volé par Conan l'aigle de Hugo, l'autre par Oulan. Ni Altin, ni Djaia n'ont volé lors de cette chasse. Le petit bois derrière le parking ne donnera rien. Nous rentrons pour un verre et le tableau. Une fois de plus, Bois Coursier a tenu ses promesses. Le temps était avec nous, quand bien même un petit vent a pu contrarier quelques oiseaux.  Nous rentrons vers la Raffinière, chez les Arnaud, à BRUX. Nous y sommes attendus par l'équipe de Gilbert : Marie, Alain, Pascal, Jéjé, Hélène, Nadine, Dominique, j'en oublie sûrement, ont préparé le dîner. Jean-Yves nous a déniché un tableau composé de rapaces divers peint au 18eme siècle, que nous avons offert à Gilbert pour la décoration de la salle commune. Un concours de lanceur de crêpe a clôturé la soirée. Nous avons été dispatchés chez différentes personnes pour la nuit qui, désormais, se raccourcit à vue d’œil. 

        Le réveil, un peu dur, nous montre un matin sans pluie ni vent, du moins au début. Une fois les yeux écarquillés réalignés, la raie des cheveux redressée, nous prenons un café pour réveiller le bonhomme. Gilbert lutte un peu afin de caler ses médocs, Aurélien lui donne un coup de main. Nous chargeons la voiture pour une bonne heure de route en direction de Bonnes. J'emmène Gilbert qui sera ramené par Jéjé ou Nadine. Le rendez-vous est secret, Jacky a tenu à ce que nous soyons surpris. Nous nous rassemblons sur la place de la mairie, puis une colonne se bouge pour rejoindre le château de Touffou. C'est un magnifique château dominant la Vienne. Nous donnerons le rapport dans la cour après le casse-croûte pris dans de magnifiques communs. 

        Au rapport, Monsieur Aurélien BROUARD, président de l'ACCA de Bonnes, présente l'équipe des traqueurs aux invités puis je présente les aigles à tous. Petite description habituelle de notre déduit, et nous partons pour chasser. Trois traques nous sont présentées, sur un territoire de plus de 2500 hectares. La première mise en place est un peu compliquée car le bois est assez clair, centré en plein champ de colza. Nous avançons discrètement pour ne pas faire trop de bruit afin de laisser les animaux en place. Je suis sur le bas, guillaume à ma droite en coin, à ma gauche en coin Wilfried. Les traqueurs battent le colza de côté avant d'entrer dans le boqueteau. Un cerf sort en haut vers Aurélien et Martin. Hugo, à l'autre coin, ne voit que ce cerf un peu gros pour son oiseau. 

        Nous nous alignons pour finir de battre le colza, un quart  de tour après, la ligne est à peu près correcte. Un premier lièvre déboule, Wilfried le vole. Le vol est décisif, fort, aucun vide ni creux dans les battements d'ailes, jusqu’au lièvre qui s'échappe par on ne sait quel miracle.  C'était vraiment un très beau vol. Hugo volera aussi, mais c'est si loin que je ne le vois pas. Nous arrivons au chemin qui termine cette première partie de traque. Maintenant un champ en herbe s'ouvre aussi grand que le précédent. Martin lance Altin qui voit son aigle forcer contre le vent qui se lève doucettement. Un vol fort, d'un aigle généreux, mais le vent, c'est vraiment un ennemi. L'aigle rejoint l'autre bout du champ, à environ 500 mètres au moins de nous. Le réclame est bon, Altin revient de suite. Martin volera deux nouvelles fois dans les même conditions, l'aigle remonte le vent, en montant doucement, puis il se laisse glisser pour gagner de la vitesse et rejoindre le lièvre. Mais cet effort est si violent, qu'il ne lui reste pas grand chose pour ce que nous appelons le combat. Les appuis sur l'air de l'aigle, n'ont rien de commun avec les appuis du lièvre sur terre. Ses défenses sont prodigieuses. A un moment, le lièvre se stoppe net, l'aigle est décontenancé, perdu, il est trop vite et le lièvre se dérobe tranquillement. C'est un vrai spectacle pour nous, mais aussi pour les personnes qui découvrent cette chasse. Martin récupère, aussitôt, Hugo lance. Même vol, mêmes conditions, même actions. Le résultat sera le même. Puis, un lièvre part le ma droite, je manque le chaperon et Sarembay reste croché sur mon gant, je lance en deux fois, un retard considérable est pris par l'oiseau. Le lièvre, très en avance, commence à balancer. Sarembay qui possède une bonne expérience, monte un peu vent de travers puis, s'appuie sur le vent arrière pour gagner du terrain et de la vitesse. Le crochet est foudroyant, il griffe ce lièvre à une vitesse folle. Tous sont impressionnés, moi le premier. Il se récompense tout seul dans le temps qu'il nous faut pour le rejoindre.  Je prends un peu de temps pour vider le lièvre, ça permet de le faire très frais, ce qui préserve les chairs, et donne un peu de nourriture aux renards du coin. Je rejoins la ligne qui s'étire sur près d'un kilomètre. Nous reprenons la direction des voitures en foulant un champs de colza avec le vent de trois quart dos. Hugo vole un premier lièvre qui part en rebrousse. Nez au vent, il souffre le martyr pour rejoindre le capucin. Il n'y aura pas prise. Idem pour Martin, pourtant Altin a de très bonnes réserves de forces, mais rien n'y fait. Wilfried vole Oulan, encore vent de face, mais le lièvre prend un parti qui va lui coûter cher ; il glisse dans la pente en laissant le vent de deux tiers avant pour Oulan qui en profite pour déployer toute sa force. Il le griffe magistralement, et, pour le récompenser, lui permet de terminer sa saison sur un lièvre entier. Il rejoindra les traqueurs ensuite.  la première traque est terminée, trois heures se sont passées, deux lièvres ont été pris. Les chasseurs accompagnateurs n'en reviennent pas de la difficulté qu'on les oiseaux à prendre cet animal si fin et plein de défenses. On peut dire qu'ils sont émerveillés des vols, quand bien même il n'y a pas prise. 

           La carte est déployée sur le capot de la voiture du président. La stratégie va opérer pour la prochaine traque. Nous encerclons ce bois, mais il et découpé de telle sorte que des renfoncements nous mettent en difficulté pour opérer. Il faut un peu se fier à la chance de voir sortir du bon côté les animaux normalement endormis à cette heure. Aurélien commence à fulminer, cela fait deux jours qu'il ne vole pas, son aigle est chaud "patate", lui aussi d'ailleurs. Je suis face à une plaine énorme qui glisse en pente douce  vers une route peu fréquentée. Nous voyons deux chevrillards jouer à plus d'un kilomètre de nous, je suis assis sur mon siège de chasse à côté de Jean-Yves qui fait de même. Gilbert nous rejoint. Guillaume, plus en dessous, remonte car son heure tourne, il lui faut rentrer, il est quinze heures, il doit dîner chez ses beaux parents à Rodez (A mon avis, il n'y sera pas. Il aura au moins fait l'effort). Il nous salue et nous signale qu'Aurélien à volé sans plus de précision car il n'en a pas. Aurélien revient, très frustré. Son aigle est parti sur un très gros brocard qu'il griffe par l'arrière. L'animal se débat comme il peut dans un rodéo musclé. Le brocard se cabre, il saute, se roule par terre, l’aigle cherche à monter au cou sans y parvenir. Les défenses du chevreuil sont telles que Djaia va finir par décrocher dans la deuxième cabriole par terre. Aurélien la récupère essoufflée mais pas blessée, c'est le principal. Nous nous plaçons pour faire un dernier petit bois. Rien ne sort jusqu'au moment où, vers la fin, un lièvre gicle dans les pieds d'Aurélien qui ne le vole pas, se réservant pour le chevreuil. A ce moment, je déchaperonne, sûrement un peu tard, Sarembay prend l'air et vole quelques orbes sans voir l'animal, pour revenir au poing. Ce sera le dernier vol. Nous rentrons aux voitures pour rejoindre la cabane de chasse, un superbe local communal réservé aux chasseurs. Nous ferons une photo de tout le groupe ravi. Invitation est prise pour 2024. Merci aux chasseurs de cette ACCA dynamique et fort sympathique.

        Le Poitou devient maintenant "terre d'aigles". Merci à toutes et tous de nous permettre d'admirer vos territoires giboyeux et accueillants. A t'ché fête.       

 

mercredi 18 janvier 2023

CHASSE EN ANJOU, 14, 15 janvier 2023 :

 


         Pour la quatrième année, nous nous retrouvions chez Guillaume JALLABERT à la Petite Haie au Petit Auvergné en Anjou. Cette réunion atypique réunit deux équipage : d'une part le rallye la Meilleraye, d'antre part les Aigliers de France. Le matin les aigles sont de sortie et l'après-midi ce sont les chiens pour le même gibier, le lièvre. Le temps n'est pas au beau. La pluie n'est pas présente ce matin mais la couleur des nuages ne nous engage pas à pronostiquer un temps merveilleux. Le café préparé par Monsieur Guillaume nous permet d'attendre les invités assez nombreux, curieux de voir cette chasse rare. Il est 9heures, Romuald frappe à la porte juste à l'heure. Nous sommes tous là, Aurélien avec ses deux aigles, Romuald accompagné d'Emmanuel et ses deux aigles, Wilfried avec son tiercelet de royal, moi-même avec mon oiseau de 14 mues. Nous sommes très heureux de nous retrouver car l'IAHP (Grippe Aviaire) ne nous a pas fait de cadeau cette année. Le flou artistique habituel autour des textes qui régissent notre déduit, nous ont fait craindre de ne point pouvoir se regrouper. Pour autant, le fait d'avoir été contrôlé par les agents de l'OFB en Loiret, nous a permis d'avoir une réponse : nous ne sommes pas considéré nous rassembler lors d'une chasse au vol. Ainsi, nous voyons d'un bien meilleur œil un avenir plus serein. 

        Nous convions les invités à une petite présentation rituelle de notre art. Quelques questions suivent et le départ pour la chasse est sonné. Nous partons vers les grands près entrecoupés de haies assez épaisses qui sont un refuge important pour les gibiers présents sur ces terres. La ligne se déploie sur une grande largeur, laissant le vent fort nous longer de droite à gauche, ce qui facilite le port de l'oiseau. Aussitôt en place, Aurélien vole un capucin qui se dérobe au loin, même très loin. Altin monte sur queue, dans un vent de côté lui permettant de garder de la hauteur, il comble les cinq cents mètres le séparant du lièvre en quelques secondes et plonge à une vitesse folle sans prendre. Dommage, un tel vol méritait la prise. J'ai oublié mes lunettes de vue de loin, ce qui me handicape énormément. Je préviens Fabien de me prévenir quand il voit un lièvre car avec le vent, je n'y vois rien. La ligne s'arrête, il me semble que Romuald ou Wilfried a volé. La ligne repart. Soudain, dans le champs suivant, Fabien hurle "lièvre devant", je déchaperonne et lance aussi vite que possible Sarembaï qui entreprend correctement. En même temps, Wilfried à lâché. Les deux aigles sont aux trousses du lièvre qui détalle dans le champs e côté après avoir traversé la route. Rien ne sera pris, les deux aigles sont repris sans encombre. Les vols se succéderont sans résultat jusqu'à l'arrivée de la pluie. Sous une forme de bruine au début, dans le vent qui a forcit, cette bruine humide et pénétrante, commence à mouiller nos oiseaux qui deviennent in-serviables. Aurélien change d'aigle pour essayer d'attaquer un chevreuil vu quelques buissons plus loin. Nous ne les rembucherons pas. Nous finissons la traque "trempés-mouillés". Nous aurons vu une bonne vingtaine de lièvres ce matin, ce qui nous donne une belle idée de la population. Le casse-croûte est le bien venu, le partage des quelques spécialités que chacun a le plaisir d'apporter ravive les corps et apaise les âmes. 

        Le rapport est sonné, Monsieur Jallabert  choisit son attaque. Les chiens sont sortis du van et la quête commence. Un lièvre est rapidement lancé mais il met les chiens en défaut après une bonne demie heure de chasse. Un change est arrêté, c'est un plaisir de voir comment Édouard pilote réellement sa meute. Cet équipage qui chasse dans une éthique irréprochable, montre de liens entre les hommes et les chiens difficiles à décrire. Deux ou trois sangliers sortent d'un bois poussés par la fougue des chiens, mais Édouard et ses aides bloquent en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire. Les chiens non plus ne prendront pas cette après-midi. 

        Malgré une très belle chasse, point de prise, c'est cela aussi le bonheur de chasser.  

        Tout le monde est rentré, la galette est servie. Nous sommes contraint de disloquer, il est six heures du soir. 

        Madame Catherine nous attend au clos du Piheux; comme l'an dernier. Et comme l'an dernier, l'an d'avant, et les autres avant aussi, Laurence nous a préparé un repas de derrière les fagots. Elle nous a concocté  un sauté de rognon de porc qu'elle seule manage de la sorte. Ce fut un petit bonheur. Nous avons revu pendant l'apéritif, olivier de Rougé et Raphaël Lepelletier  chez qui nous chassions in y a quelques années. Ce fut un réel bonheur de les revoir de ressasser de vieux souvenir du "Haut Rocher". Sans aucun doute, nous reverrons nous en chasse une de ces années prochaines. 

        La chasse du dimanche se déroule au Reuvre de Chambellay. Amaury Bironneau nous organise cette journée (la précédente aussi, d'ailleurs) dans une propriété familiale de producteurs de fruits (Pommes, framboises, cassis...) Ces cultures abritent une belle population de chevreuil qui seront le gibier d'aujourd'hui. Les lièvres et les renards restent ouverts. Le café traditionnel nous accueille, le temps est bien meilleur, le soleil est présent, le vent aussi mais moins fort qu'hier. 

        La présentation rituelle est faite et nous partons chasser. Une ligne presqu'aussi longue qu'hier s’étale sur quatre cents mètres. Un lièvre est annoncé dans la bande de gauche. Il saute sur moi à quarante mètres, je lance mon oiseau qui manque de peu. Branché, Sarembaï commence à regarder autour de lui. Il prend le large vers un grand arbre où la vue est superbe. Il me faut à tout prix le reprendre pour ne pas léser la chasse. Heureusement, il se laisse berner par un petit morceau de viande lancé sous lui. Aurélien vole un chevreuil, puis un deuxième qui est griffé pais pas tenu. Wilfried en vole un aussi que son aigle griffe, sans succès. Nous repostons les oiseaux pour faire un bois plus important. Les traqueurs sont vifs et courageux dans ces ronciers impénétrables. En se mettant en place, je vole un lièvre de très belle manière que Sarembaï manque de rien.  Altin vole un N'ièmme chevreuil sans résultat. La forme semble blinquer mais ce n'est pas ce que pense Aurélien. Cela ressemble plus à une frustration qu'à autre chose. C'est vrai que depuis deux mois, les oiseaux sortent très peu voire pas du tout. Cela ne leur vaut rien. Ils aiment voler, chasser. Ils ne connaissent pas l’administration et c'est tant mieux. Elle finira quand même par griffer une chevrette mais elle ne la tiendra pas. Romuald voit un lièvre lui foncer dessus, il reste immobile, le lièvre, voyant l'obstacle, se retourne et repart à 180°, pour son malheur, Romuald lance son aigle qui coiffe et griffe ce capucin en vingt cinq mètres. Ce sera la seule prise de nos deux jours de chasse. Un peu plus loin, dans les cassis, un lièvre me part des pieds en contre. Difficile de lancer fort mais l'oiseau compense et vole fort vers le lièvre qu'il perd de vue un instant. Il ressource violemment et plonge brutalement sur l'animal qui se dérobe de ses griffes. Dommage c e fut un très beau vol. Corentin arrivé ce matin, vole en contre une chevrette mais lancer un forme est beaucoup  plus difficile à remonter qu'un mâle. Elle ne pourra pas rendre. Le vent à forcit et les vols se font de plus en plus difficiles. Une dernière traque nous fait sortir d'un petit bois un lièvre que je vole très mal. Je lance dans le vent et Sarembaï ne trouve aucun appui. Il laisse passer le capucin à quelques mètres de lui et se vautre dans un arbre voisin comme un oiseau débutant. Ce sera mon dernier vol. Wilfried volera une chevrette ainsi qu'Aurélien, mais rien d'autre ne sera pris. Nous aurons marché 10,8 km, pour gagner un casse croûte bien mérité. C'est une petite fille à Amaury qui gagnera la fève. Nous disloquons vers 16 heures. Après quelques discutions pour planifier des dates de fin de saison, et lancer des projets pour la saison prochaine, nous quittons ces endroits magiques, où la chasse est reine. 

        A bientôt dans d'autres lieux tout aussi enchanteurs... J.L.

mardi 14 décembre 2021

Un coq sauvé par la justice..........

Une cour d'appel confirme que le chant du coq n'est pas une nuisance sonore 13 décembre 2021 P2C pour Localtis Environnement,  Tourisme, culture, loisirs Dans une décision du 9 décembre, la cour d'appel de Chambéry confirme que le chant du coq n'est pas une "nuisance sonore". Cette décision s'inscrit dans le prolongement du combat – juridique – victorieux du regretté coq Maurice. L'arrêt de la cour d'appel de Chambéry ne diffère pas fondamentalement de celui du tribunal d'instance de Rochefort, devant lequel avait triomphé le coq Maurice. Avec cependant une différence de taille: la décision se situe désormais au niveau d'une cour d'appel. En l'espèce, la Cour d'appel de Chambéry annule d'ailleurs une décision du tribunal d'instance (aujourd'hui tribunal judiciaire) d'Annecy de juillet 2019. Celle-ci avait condamné un agriculteur de la commune de Saint-Sylvestre (Haute-Savoie, 600 habitants), poursuivi par un couple de voisins, à 3.000 euros de dommages et intérêts et à 1.200 euros d'amende (sans compter les frais de justice). Les voisins avaient fait constater par huissier un niveau sonore de 37,9 décibels enregistrés. Pour mémoire, la présentation de l'échelle des décibels sur le site bruitparif.fr donne comme équivalent à 40 dB le bruit d'un "bureau tranquille" (ce qui ne veut pas dire silencieux), 50 dB correspondant à un "restaurant paisible". Il faut toutefois tenir compte du fait que le coq chante très tôt, dès les premières lueurs du jour. Dans l'affaire jugée par la cour d'appel de Chambéry, les arguments échangés et ceux retenus pour écarter les "troubles anormaux de voisinage" sont identiques à ceux évoqués pour le défunt coq Maurice. L'avocate de l'agriculteur de Saint-Sylvestre a notamment fait valoir "l'inconvénient normal" représenté par le chant du coq et rappelé que le poulailler a été construit en 1956 et que les plaignants se sont installés dans la maison voisine dès les années 1990. En revanche, le contexte a changé entre le jugement de première instance du tribunal d'instance d'Annecy en juillet 2019 et celui de la cour d'appel de Chambéry. Entre-temps est en effet intervenue la loi du 29 janvier 2021 "visant à définir et protéger le patrimoine sensoriel des campagnes françaises". Celle-ci, votée à l'unanimité à l'Assemblée nationale et au Sénat, est une suite directe du combat du coq Maurice. En l'occurrence, ce texte ne modifie pas véritablement l'état du droit et ne touche pas à la définition des "troubles anormaux de voisinage". Mais il ajoute, à l'article L.110-1 du Code de l'environnement, "les sons et odeurs qui les caractérisent" aux "espaces, ressources et milieux naturels terrestres et marins [qui] font partie du patrimoine commun de la nation". Une phrase qui a sans aucun doute pesé dans la décision de la cour d'appel de Chambéry et sans doute dans d'autres décisions à venir, même si chaque affaire constitue toujours un cas d'espèce.

mardi 3 novembre 2020

CHASSE A NOIRMOUTIER Octobre 2020 :

 Ce dernier samedi, les chasseurs à tirs de Noirmoutier en l'île nous ont invité pour la septième fois. Il est bon de rappeler que Sébastien BUCAS, leur président, a choisi il y a sept ans de nous laisser la totalité des lièvres proposé par la fédération aux chasseurs de l'île, ce qui est un geste beaucoup plus qu'anodin. Certes cela crée des tensions, mais il sait les contrôler. Une dizaine de lièvres sont donc à notre disposition depuis ce temps. Il faut dire que la population (de lièvres) est florissante ; le territoire est tout à fait adapté à ce gibier nécessitant de grandes surfaces ouvertes, et une terre suffisamment souple pour creuser les gîtes. Ici, les lièvres au gîte sont invisible. La terre est sableuse à souhait, c'est pour cela que les agriculteurs soignent la "benotte de Noirmoutier". Cette pomme de terre gouteuse et rare, ce qui lui vaut sa valeur et sa réputation. Ces mêmes cultivateurs qui enquiquinent Sébastien pour qu'il demande plus de bracelets. Il a préféré nous choisir pour offrir aux gens de l'île, cette journée spécifique qui enchante tous les participants. Il savait déjà que s'il laissait ouvert le tir du lièvre, la population aurait disparue depuis longtemps. Il faut savoir que les chasseurs de cette ville sont 143 ! Dure à gérer cette population-là.

Donc, nous sommes arrivés samedi matin dans un hangar à patates pour le casse-croute matinal que Polo BEGEIN nous prépare chaque année. Il est venu avec notre copain Jacques BREGEON, taxidermiste de réputation nationale. Une petite dizaine de chasseurs locaux nous attendent comme chaque année. Quelques bouchons sautent, quelques sandwiches sont tartinés de divers pâtés locaux, puis le départ pour la chasse est prononcé par Sébastien. 

Nous quittons le hangar et entrons directement dans les champs de patates pas encore plantés ; c'est la raison pour laquelle nous devons absolument organiser cette date avant le 5 novembre. Il faut aussi compter sur le temps ; aujourd'hui, il est des plus déplorable, 50 à 60 km /heure de vent plus une pluie intermittente. Nous passerons quand même entre les goutes. 

Les premiers lièvres sont délogés, ils quittent le gîte à quelques mètres de nous ce qui donne un bon avantage à nos aigles. Cependant, depuis que nous les volons, ils commencent à comprendre les défenses à utiliser pour se dérober aux attaques. La ligne fait à peu près deux cent cinquante mètres de largeur ce qui nous fait avancer très lentement. Christophe vole en premier sur in lièvre à contre-vent. Erreur fatale car toute la journée, il trainera la fatigue de ce premier vol, pourtant magnifique et puissant. Son fils, Hugo, vole deux ou trois fois de suite et les vols s'enchainent rapidement, surement trop rapidement. Aurélien qui vole en différé car c'est Alexis qui porte Altin emmanche un lièvre très long qui comprend que remonter au vent peut lui être salutaire. Rien n'y fait, Altin est si puissant qu'il remonte le capucin et le prend à près de 350  ou 400 mètres. Alexis, sur ordre d'Aurélien, gorge Altin. Nous attendons que la récompense soit prise puis relançons. Un lièvre enfin part à bonne distance de moi pour que je puisse lancer Sarembaï. Il monte sur queue puis vire à droite sur un second lièvre levé par ma voisine de traque. Il le coiffe en une fraction de seconde dans un vol d'une violence inouïe. Je lui laisse le cœur et les poumons en courtoisie. Nous continuons sur la même lancée, l'autour de Thomas vole quelques lièvres sans conviction. Surement le vent le gêne-t-il ?  La buse de Pierre fait de même, mais nous savons que les buses n'aiment pas le vent. Christophe lance après quelques minutes de repos, mais elles ne devaient pas suffire. À ce moment, nous voyons que son aigle est "rincé". Une petite pose nous permet de commenter les vols du matin, vous savez ce que c'est, ils sont de plus en plus beaux que le temps passe...

Un premier bilan nous a permis de compter 33 lièvres vus, 16 volés, deux pris. 

Nous repartons car le temps menace. Hugo vole dans un coin de champs comme l'an dernier, et coiffe un beau lièvre dans un vol technique, vif et précis. On peut constater le travail fourni par ce jeune et l'émerveillement qui le remplit. Nous sommes tous fier de lui, et de son poulain. Puis nous entamons le retour avec un vent complètement de travers. Sarembaï est compliqué à tenir car il ne veut pas de chaperon. Il pend quelquefois et se fatigue. J'accélère le pas pour prendre les grands devants et pouvoir lui offrir un lièvre dans le vent. Quelques centaines de mètres sont nécessaire à cette manœuvre. Une butte de fumier me permet de prendre un peu de hauteur. Un lièvre est vu au gîte par la traque qui stoppe toute avancée. Le lièvre saute, prend le vent pour tourner contre lui après que Sarembaï l'a contourné. On voit alors cet aigle aguerri mordre l'air de ses couteaux rapides et vifs et griffer le lièvre qui ne pouvait plus rien. J'ai bien sur laissé Sarembaï manger à volonté cet animal qu'il a bien mérité. Ce fut surement un de ses plus beaux vols. Ce quatrième lièvre nous remplit tous de joie, après avoir vu se lever 66 animaux, 34 furent volés, quatre pris, tout cela en trois heures.

Comme à l'accoutumée, nous rejoignons la cabane de Sébastien avec quelques haltes imprévues. Nous mangeons un tripoux bien mérité aussi, un peu plus tôt que par le passé, dû au temps qui venait de changer. Un cadeau est remis à Sébastien, puis nous glissons chez "Brûlaille" pour finir la soirée. Nous disloquerons vers dix heures, ce qui pour une fois n'est pas trop tard. 

Nous sommes tous très heureux d'avoir vécu ces moments qui ne dureront pas, car notre président pense lâcher ; mais ayons confiance en l'avenir, peut-être 2021 ? 

Sébastien derrière Sarembaï :


Campagne de chasse 2020/21

 


 Chers amis aiglières, aigliers,

On peut penser ce que l'on veut du traitement opéré par nos gouvernants de cette pandémie, nous sommes bels et bien bloqués chez nous pour un bon moment. Passer de 50 000 cas supplémentaires à 5 000, il faudra bien plus que quatre semaines pour y arriver. C'est là, le dernier mensonge.

Je pense que la plupart d'entre vous habite en campagne, ce qui vous permet de voler une heure autour de chez vous. Encore faut-il que les voisins soient agréables et acceptent les risques encourus car nos oiseaux ne sont pas toujours respectueux des législations... Pour ma part, je ne peux en aucun cas voler car, à chaque coin de rue, un chien au bout d'une laisse ne peut servir de traineau. Donc j'ai pris le parti d'arrêter SarembaÏ pour le moment. Si cela devait durer au-delà du premier janvier (ce dont je ne doute pas le moins du monde) je nouerai définitivement la longe pour cette année. 

Nous avions des dates prévues (Chezalles Benoist, Laon, Compiègne, Rambouillet...) Je pense là aussi que tout ce qui était prévu avant le premier janvier me semble être annulé de principe. Après, nous verrons bien...

Nous sommes en tout cas bien malheureux de ces décisions qui ne changeront pas le cours du monde. Toutes les méthodes ont été testées (c'est à la mode), et seule semble avoir réussi, le premier blocage complet du pays en Chine. Tous les autres pays ont des résultats similaires ou les obtiendront. 

Je suis triste de voir que pour la première fois depuis que le monde existe, deux générations de jeunes gens vont être sacrifiées pour sauver quelques vieux alors que, depuis toujours, les anciens se sont mis en protection pour que les jeunes survivent. Sûrement, nous marchons sur la tête, sûrement, nous sommes grisés par la peur et la méconnaissance, sûrement, la science en viendra à bout. 

Je souhaitais par ces temps lugubres, vous faire part de mon indignation et vous souhaiter si cela est encore possible, le plus libre des confinements. Que vos oiseaux traversent cette épreuve paisiblement, les chaines de chasse et pêche sont pléthores, ré ouvrons nos vieux livres de chasses, taillons des jets pour une prochaine saison, occupons-nous sainement. 

Cordialement vôtre, J.L.

Vous pouvez participer à la vie de ce blog, il suffit de poster un article en répondant tout simplement.

J'ai préféré reprendre le cours du blog car il est plus facile de le contrôler. Les réseaux sociaux sont de plus en plus problématiques  et incontrôlables. Je laisse toujours la page des aigliers de France ouverte bien sûr

Je vous demande de ne pas entrer quiconque n'a pas lien direct avec notre chasse, ceci afin d'éviter l'entrée d'individus inconnus ou mal connus. Cependant, toutes les bonnes volontés bien filtrées seront toujours les bienvenues. 

lundi 26 novembre 2018

2018.11.23.RAMBOUILLET, Saint Baldéric

C'est la deuxième année que les aigliers de Rambouillet fêtent la Saint Baldéric, patron des Fauconniers. Cette fête permet de rassembler toute une population amie de notre art, veneurs, gastronomes, chasseurs de toutes sortes, amis, familles... La messe de Saint Baldéric renforce le lien qui nous tient à cette tradition si forte, qu'elle parait maintenant pour certain, désuète. Pour autant, toutes les croyances se retrouvent autour de nous pour un moment de réflexions universelles. Le traditionnel apéritif offert par l'équipage soutenu par la municipalité qui a mis à disposition la salle, a permis de prolonger les questions que moult personnes se posent en voyant nos oiseaux si calmes.      
       Les sonneurs lancent le départ pour la chasse, la colonne de voitures démarre vers Long Orme.
Arrivé sur le terrain, les bottes sont chaussées, les émetteurs posés sur les oiseaux, les fauconnières acharnées, la ligne peut se monter. Une cinquantaine de suiveurs s’intercalent entre les aigliers. Lentement, nous entreprenons la grande prairie derrière le petit bois. Quelques chevreuils entrent au bois, les traqueurs poussent tranquillement. Romuald vole rapidement, sans prendre. Puis aussitôt, un second vol permet à son aigle de saisir le premier lièvre après un vol vif et rapide et une prise très précise. Puis les vols s'enchainent très rapidement au point de fatiguer les oiseaux. La plupart des aigles volent bien, on sent des oiseaux forts et décidés mais pour autant plus aucun lièvre ne sera pris. Cela nous semble incroyable tant les vols décoiffent les capucins les uns derrière les autres. L'agressivité des oiseaux va montante, si bien qu'un des aigles perdu dans la remontée vers son fauconnier, donnera la préférence à Charly, l'aigle de Christophe, en le griffant au passage. Heureusement, la rapidité de réaction a évité l'accident, les deux oiseaux vont très bien. Après un bref moment de décontraction à l'arrivée au bout du champs, nous traversons la route pour entreprendre les grande parcelles cultivées. Les vols s'espacent comme la présence des lièvres, et c'est tant mieux car nos oiseaux sont maintenant très fatigués. Aurélien ara surement fait plus de vingt vols ainsi que Sarembaï ; Thibaud avec Josef  à bien volé aussi. Ses vols longs et puissants montrent un aigle particulièrement entrainé (saison oblige...). Christian qui vole son aigle tous les jours d'amont dans sa montagne, n'a pas pris non plus. Jean-Yves qui vole sa forme depuis peu, n'a pas pu lui donner sa chance, et pourtant elle a fait quelques beaux vols. Christophe et Taïga ont attaqué quelques lièvres trop vif pour elle. Le jeune aigle de Corentin montre une force et une belle détermination ; la condition un peu haute de son oiseau lui fera manquer bon nombre de capucin rapidement rattrapés.  Romuald pourra faire le paon, ce soir...
       Nous disloquons après un petit verre pris sur le pouce. Ce soir, le repas nous attend chez Christophe à Gueherville.
       Dimanche, le temps n'est plus de la partie. La pluie est arrivée par l'ouest, une petite pluie fine qui malgré tout trempe bien. Nous consultons tour à tour nos téléphone pour essayer de trouver une éclaircie, qui ne manque pas d'arriver. Une petite heure sans eau, c'est parfait. Nous entrons cette fois ci moins nombreux que la veille dans un champs d'estragon. les lièvres y sont gîtés, la parcelle n'a pas été chassée de l'année. Nous lèverons plus de cinquante animaux dans cette parcelle, et, comme la veille, nos oiseaux voleront parfaitement mais aucun ne prend jusqu'à ce que Sarembaï, suite à un départ de gîte très proche, voie ce lièvre partir né au vent, dans le sillon. Il le coiffe à une centaine de mètres et cette fois ci, ne le relâche pas. L'honneur est sauf, la pluie revient de plus belle. Romuald nous propose de traquer un frais labour qui nous charge les bottes, quelques lièvres déboulent de très loin, soit vent debout, soit vent arrière, mais rien n'y fait. Une fois de plus, nos oiseaux finiront sur les rotules, totalement, fatigués par des vols répétés qui les auront usés totalement.
        Nous disloquons pour nous retrouver à Breau sans nappe chez Emmanuel où un casse-croute nous attend avant de prendre la route.
Cette réunion merveilleuse nous aura permit de voir enfin des territoires giboyeux comme nous en connaissons en République Tchèque ou en Autriche. Quand le gibier est respecté, les faibles prélèvements que nous opérons semblent  faire oublier que nous chassons. C'est un vrai plaisir de trouver cela chez nous. Espérons que les maladies ne viendront pas perturber ces magnifiques territoires ?
        Il ne nous reste qu'à remercier les propriétaires qui ont eu la gentillesse de nous proposer ces territoires merveilleux.
        Un grand merci à Romuald, maitre d'équipage discret, mais d'une grande efficacité.