RÉUNION DE FIN DE SAISON 2024, LES AIGLIERS DE FRANCE
Jean-Louis Liégeois
Cette saison 2023/24 se termine ce
week-end tant attendu par toutes et tous. Patrice Bourdier préparait ces
moments depuis plusieurs années, mais tant le Covid que la grippe aviaire l’ont
empêché de nous réunir. Cette fois ci, et le temps, et les conditions ont été
remplis pour nous offrir un rassemblement de sept aigles pour chasser dans les
plaines Poitevines. Aurélien Deniaud et Altin, Jean-Yves Thiefine et Toundra,
Corentin Roussel et Azereix, Jean-Philippe Roussel et Diego, Steve Francis
et Sid, Jean Dinguirard et Feuer, Moi-même et Sarembaï, se sont déplacés
quelquefois de fort loin, pour cette rencontre de fin de saison. Un petit
groupe est arrivé le jeudi soir au gîte de Monsieur Jean Turpeau à Agressais.
Nous dînons ensemble une petite entrée préparée par Jean-Yves, un risotto aux
coques préparé par Isabelle, des fromages de Steve et un dessert d’Alexis et
Aurélien. Couché de bonne heure, nous passons une nuit correcte pour un réveil
vers sept heures.
Nous
prenons la route de Bonnes où nous étions l’année dernière. Un copieux petit
déjeuner nous est servi où nous goûtons les charcuteries locales avant de
partir en chasse. Le principe est très bon car les oiseaux sont souvent un peu
endormis le matin et un départ pour la chasse différé est toujours bien perçu
par nos oiseaux. C’est une commune très étendue (2600 ha) qui offre de grands
bois contigus à de grandes friches et des cultures non moins importantes, avec
pléthore de gibiers divers. Le terrain est plat avec quelques très faibles
pentes en se rapprochant de la rivière. L’ ACCA de Bonnes nous attend avec son
président Aurélien Brouard qui semble très heureux de récidiver par cette
invitation. Un plan détaillé concocté par Patrice est déployé sur une fenêtre
de la salle des fêtes. Les diverses progressions, les emplacements des
spectateurs, tant profanes que chasseurs, les boqueteaux, les champs, tout est
indiqué afin de ne pas se perdre, mais surtout pour ne pas créer de
perturbation avec nos voitures. Une petite présentation de notre déduit que je
partage avec Jean-Yves, notre stentor, est récitée aux nombreuses personnes
venues découvrir cette chasse peu commune. France 3 est présente afin de
révéler aux infos régionales l’existence de cette chasse ancestrale à un plus
grand nombre. Nous avons toujours peur de ces retransmissions qui quelquefois
peuvent être mal comprises, donc mal expliquées à des gens qui ne sont pas
toujours coopérants. Mais c’est le risque, et c’est la raison pour laquelle
nous insistons sur les consignes de sécurité annoncées.
Le
départ pour la chasse est sonné par Corentin qui passe d’une couleur normale à
un rouge écarlate qui en dit long sur les souffrances que procurent la trompe
de chasse. Les groupes sont formés et nous nous déplaçons vers le Nord Est de
la commune. Le but est en premier de cerner un bois duquel sortiront quatre
chevreuils. Corentin est tout au bout du bois avec France 3 et il voit deux
renards entrain de jouer sortant d’un buisson très éloigné. Corentin aime les
renards…. Il déchaperonne et Azereix s’envole toute en puissance sur plus de
trois cents mètres, mais les renards sont un peu loin et elle ne peut les rejoindre. Pendant ce temps, un lièvre se
défausse devant moi derrière une langue de bois qui court vers Steve. Le lièvre
sort en bout de langue et Sid entame un vol de fou sur plus d’un kilomètre et
demi, sans prendre bien sûr. Steve démarre par un footing qui lui fait
récupérer son oiseau en dix minutes. On sent que la reproduction commence à
déranger les oiseaux adultes qui font un peu ce qu’ils veulent. Corentin revole
un autre renardeau qui se cale dans un buisson chez le voisin. Il est
abandonné. Jean-Yves, de l’autre côté, vole un lièvre long qui se dérobe au manque
de fond de Toundra. Lors de cette traque, je n’ai rien vu d’autre que le lièvre
volé par Sid, les photographes qui m’accompagnaient tatassaient entre eux tout
au long de la traque. Un fois les traqueurs sortis, nous revenons nous placer
en ligne le long d’un champ gigantesque pour faire la plaine. Nous traçons en
boucle ce champ où, de notre côté, aucun lièvre ne sera vu. Aurélien, de
l’autre côté de la boucle, vole deux fois très loin (quand je dis très loin, ce
sont des lièvres qui sortent de leur gîte à trois cents mètres ou plus devant
nous). Après avoir décoiffé ces deux
capucins, nous ne voyons plus rien. Pourtant, dans un semblant de creux, un
lièvre sort pas très loin de Jean-Philippe qui lance Diego. Il fait un très bon
vol et recoiffe le lièvre sans prendre. Rassurez-vous, cela va durer toute la
journée. Les lièvres, en fin de saison, sont si malins et usent de telles
fourberies pour déjouer les attaques violentes de nos oiseaux, qu’ils en
deviennent presqu’ imprenables. D’ailleurs, l’an dernier en Picardie, nous avons
vu nos aigles refuser d’attaquer les lièvres bouquinant dans les éoliennes. Ils
donnaient vraiment l’impression d’un refus volontaire, comme un bon chien qui
blinque le lièvre ou le chevreuil. Nous continuons le tour de cette boucle
géante, qui nous amène vers un bois que nous encerclons rapidement. Les
traqueurs entrent au bois et un lièvre est lancé rapidement. Je me tiens aux
aguets, n’ayant rien volé depuis le début. Mais ce capucin sort chez
Jean-Philippe qui vole Diégo cette fois ci sans conviction. Aucun autre animal
ne sortira de cette partie de chasse de presque 7000 pas. Nous nous déplaçons
en voiture pour traquer un bois plus grand ; je suis Aurélien Brouard qui
me place en haut du bois tout à fait derrière. Ce bois est très touffu et
Gilbert se fait un plaisir en allumant quelques pétards dans les ronciers
inextricables desquels sortent trois chevreuils (un brocard, une chevrette et
son chevrillard) non loin de moi mais en montée ; c’est trop dur pour
Sarembaï, je ne déchaperonne pas. Je les laisse se défausser vers Corentin qui,
me semble-t-il, est bien placé au-dessus des animaux. Pourtant, il ne vole pas,
ne déchaperonne pas, je ne comprends pas pourquoi. J’aurai l’explication plus
tard ; il se trouvait dans la même situation que moi et voyait ces
chevreuils bien plus haut, bien trop hauts. Un lièvre est lancé et je vois
Jean-Philippe détaler dans le champ derrière, là où les chevreuils se sont
dérobés. Le vol est long, je n’ai pas vu le lièvre, j’étais en affleurement de
colline, mais la vigueur avec laquelle Diégo volait signifiait sûrement, qu’il
ne devait pas être très loin devant. Nous rejoignons les voitures et nous nous déplaçons vers un autre champ où des
passants chasseurs ont vu des chevreuils couchés dans un chaume de tournesols.
Nous prenons très large, comme pour faire un chaudron, je suis avec Aurélien et
Alexis, en bout de pré. Les chevreuils sont couchés mais ils sentent vite une
forme de pression se mettre en place. Tout en marchant, ils se déplacent doucement
vers l’échappatoire du bout du champ. Les traqueurs filent pour leur
couper la route, ce qu’ils font à merveille. Les chevreuils font demi-tour et
galopent vers la grande ligne où la
plupart des aigles sont. Pendant ce temps-là, Steve vole un lièvre en bout de
ligne sans plus de succès que le matin. Les chevreuils me passent devant, mais
à quatre cents mètres, un peu loin pour un tiercelet. Ils lèvent un lièvre qui
déboule sur la droite et je refuse de voler pour ne pas déglinguer la chasse.
Dommage, il était un peu loin mais volable. Puis les chevreuils ne coupant pas
la ligne, reviennent vers la seule échappatoire qui leur reste, forcer les deux
chasseurs en retour. Au passage, je vois que la chevrette n’avait que trois
pattes ce qui ne l’empêchait pas de galoper comme un lapin. La traque se
termine sur notre ligne. Nous entreprenons maintenant un champ d’herbe assez
sec qui donne une vraiment belle impression. Sitôt entrés dans ce pré, un
lièvre se dérobe très très loin, si loin qu’Aurélien ne vole pas…. Corentin
vole une première fois sur un lièvre assez court qu’ Azereix emmanche très fort,
mais blinque complètement, elle se perche en bout de ligne et il la récupère
rapidement. Aurélien vole un lièvre assez court aussi et le manque par une
incroyable gymnastique de l’animal chassé. Le réclame et parfait. A mi- champ,
un lièvre m’est servi sur un plateau ; sortie de gîte à 80 mètres,
Sarembaï déclenche un vol puissant avec la décision qui se sent. Il monte sur
queue et fond sans toutefois faire comme à son habitude, plonger comme un
dératé directement sur la proie, mais en glissant à très grande vitesse au ras
du sol à hauteur de lièvre. Il le griffe alors pleine tête, c’est la prise du
jour. Je me dégage sur le côté hors de la vue des chasseurs pour leurs
permettre de continuer la chasse. Une fois récompensé, je rejoins leur quête
qui montrera encore et encore de très beaux vols, de très longs vols, mais plus
de prise. Pendant le même temps, Corentin vole un second lièvre qu’ Azereix
refuse en le blinquant totalement, elle pousse à fond sur ses ailes et se
dirige vers la ligne électrique en face de nous. Elle se perche sur un des
trois fils et, comme ça bouge un peu là-haut, elle pendouille sous le câble
comme une chauve-souris. Tout le monde retient son souffle, surtout Corentin. A
ce moment, elle se laisse tombe sur le pât jeté au sol pour la récupérer sans
aucun dommage. Un gros Ouf de soulagement est entendu. La traque reprend et
Aurélien trouve un lièvre gîté qu’il offre à Altin qui se lance correctement
dans une chasse vive, et manque de très peu ce capucin assez malin aussi.
Pendant la remontée vers les voitures, les aigles ont fait un champ enherbé
comme celui que nous venons de terminer, là encore quelques lièvres seront
volés, notamment un par Altin, toujours lui, qui décolle presque verticalement
pour prendre de la hauteur, puis se laisse glisser et pique dans un fracas de
vent et de plumes sur un lièvre qui stoppe net juste avant, et saute pour
laisser passer l’aigle juste sous lui. La séance de coiffure est terminée pour
cette après-midi, nous rejoignons La
salle des fêtes pour le tableau bien maigre, et pour le verre d’une amitié
renouvelée qui devrait nous voir nous retrouver l’année prochaine. Merci Bonnes
pour cette journée bien remplie, pour ces nombreux vols, pour vos terrains et
gibiers magnifiques.
Nous
rentrons au gîte pour une douchette et Nous remplissons le camion de Jean pour
rejoindre la cabane de chasse de Thurageau pour le repas concocté par Patrice
et son équipe. Une excellente langue de bœuf succéda aux amuses gueules tous
meilleurs les uns que les autres accompagnés d’une sorte de « pousse
rapière » tout à fait goûteuse. Une fois de plus, ils ont fait fort ces
« dans les serres de Gilbert ». Afin de récompenser Patrice pour ses
efforts de plusieurs années en notre compagnie, nous lui offrons une épingle de
l’équipage, les larmes ne sont pas très loin, juste avant le café pousse.
Aujourd’hui,
nous chassons à Frozes où nous étions déjà venus juste avant le Covid. Franck,
président de l’ACCA de Frozes nous attend avec un casse-croûte copieux comme
hier afin de délivrer les quelques consignes et leçons de choses, comme nous
savons le faire. Tous apprécient toujours ce moment qu’on essaie toujours d’écourter,
et que je m’efforce à allonger (sans le faire exprès, mais je suis bavard, et
ça, c’est dur à corriger). Heureusement, aujourd’hui il ne pleut pas, nous
sommes assis devant un verre et tout le monde écoute. Si hier quelques dizaines
de suiveurs étaient présents, aujourd’hui, ils étaient plus près de cent. Comme
il y a trois ans, Franck demande à ce que la ligne soit tenue et respectée.
Nous verrons vite qu’aujourd’hui, ce sera plus difficile. Une fois le repas
pris, nous partons à pied vers les champs immenses que ces chasseurs de plaine
nous proposent. Nous nous plaçons sur un chemin qui nous montre ce qu’est un
alignement. Déjà, le groupe des aigles de droite est parti en avance ce qui
donne une espèce de courbure irrécupérable à notre ligne. Sur la gauche c’est
le contraire, bref, un méli-mélo se construit pendant que quelques lièvres
partent très loin devant nous. Une fois arrivés à ligne de chemin de fer, le
groupe se répand à gauche et à droite de cette ligne si bien que nous ne savons
plus où nous sommes en quelques centaines de mètres. Dans les hautes herbes
près de la ligne, de nombreux lièvres décollent de leurs gîtes aux sons des bavardages qui ont abandonnés la
rigueur demandée pendant le repas. Un peu plus tard, un peu d’ordre est venu redresser
cette traque un peu dilettante et lui redonner un peu de sérieux. Nous nous
alignons perpendiculairement à la ligne de chemin de fer pour faire les petits
buissons qui la longent et les sapinettes plantées pour les prochains noëls,
généreusement garnis de chevreuils et de lièvres. Les vols fusent de partout
mais aucun capucin n’est pris. Une chevrette blessée sort dans les pieds de
Corentin qui lance Azereix. Elle montre une vraie force et une conviction grave
sur ce vol court et très puissant. Elle passe vers le devant de la chevrette
est la griffe sous la poitrine sans pour autant entrer les serres dans la
chair. Ne tenant qu’un sabot, elle finit par lâcher ; C’est vraiment
dommage car tout y était pour une prise sanitaire qui aurait enchanté les
chasseurs locaux. Jean fera plusieurs vols de belle manière, là encore sans
prise. Jean-Yves que j’ai oublié hier, à pratiqué comme hier, il a été placé
par Franck en plein milieu de la chasse autour de laquelle nous tournons. Hier,
il a fait quelques vols que son aigle handicapé par un défaut génétique et une
malformation de la mandibule inférieure, lui cause des baveries dans les plumes
sus-alaires quand il met la tête sous l’aile. En fin de saison, cet aigle
manque cruellement de ressources pour prendre ces lièvres si habiles à se
défendre. Il fera quand même 5 vols sans prise, comme tout le monde. Nous
tournons autour d’un buisson duquel sort une chevrette que vole Aurélien sans
conviction. Son aigle est vraiment incroyable de constance et de volonté. Ses
vols souvent de plus de 500 ou 600 mètres, montrent une détermination
incroyable. Une fois ce buisson contourné, nous descendons une sapinière de
laquelle sortiront quelques lièvres dont un que j’ai vu volé par Jean-Philippe
est Diégo sur 250 mètres avec un saut de deux mètres du capucin qui laisse
Diégo passer dessous. Ensuite, Corentin vole un lapin, alors que son aigle
blinque depuis deux jours les lièvres. C’est assez dommage car au même moment
un lièvre sort dans les pieds d’Alexis qui vole aujourd’hui Sarembaï. Azereix
se perche dans le buisson au-dessus de la garenne, J’encourage Alexis à voler quand même, ce qui
est une erreur de ma part, que j’avais déjà faite il y a trois semaines. Alexis
me rend Sarembaï ne voulant assumer un accident contre cet oiseau qu’il
respecte énormément. Le manque de rigueur général a déteint sur les Aigliers ou
au moins deux d’entre eux. Nous en tirerons les conséquences pour l’année
prochaine. Sûrement nous faut-il nous remettre à table et refaire la liste des
risques encourus par nos oiseaux en cas d’erreur toujours explicable. Nous
avons continué sur le retour vers le point de départ, en nous rapprochant du
village, à voler successivement mais rien n’y fait, aucun lièvre ne sera pris.
Nous rentrons à la salle de Frozes après que j’aie rendu Sarembaï à Alexis,
calmé de cet énervement momentané. Une tombola a été tirée par la société de
chasse, ce qui permet à quelques-uns de repartir avec un petit souvenir local.
Le repas du soir est largement aussi bon et sympathique que celui de la veille.
Jean, qui fêtait son 77 emme anniversaire,
nous offre deux magnums de champagne qui nous permettent de trinquer aux
nombreuses années qui lui restent à chasser avec Feuer, son tiercelet d’aigle
royal. Depuis peu avec nous, c’est un débutant aiglier qui se débrouille très
bien avec son aigle ce qui n’est pas si simple. Cet âge fait de lui le plus âgé
des Aigliers de France. Ainsi avec Hugo qui est le plus jeune, nous tenons les
deux bouts.
Ce
dimanche, ce sont les deux ACCA qui nous
accueillent, Lencloître et Thurageau. La somptueuse salle des fêtes dans
laquelle nous sommes reçus, nous permet de renouveler la méthode, pas si
mauvaise que cela, pour profiter du repas pour présenter notre déduit. J’en
fais le plaisir à Jean-Yves qui adore cette épreuve. Si j’ai mis 28 minutes
hier, il lui suffira de 15 minutes aujourd’hui. Le jambon mogettes qui nous est
offert me rappelle la Vendée, pas si éloignée que cela d’ici.
Les
terrains sont légèrement plus vallonnés que précédemment. Nous garons les
voitures dans un chemin de champs et plaçons la ligne pour tourner sur un
cercle de 3 kilomètres de diamètre. Au départ, quelques rares lièvres sortent
d’un chaume ancien de tournesols broyés, aucun n’est volé. Nous avançons
tranquillement vers un bois assez gros duquel rien ne sortira. Des pieds de cerfs
énormes sont vus dans ce champ et les bois que nous a montrés le président de
Thurageau la veille lors du repas, ne démentent pas. Sur les extérieurs du bois
que nous venons de faire, les aigliers du bas vont vers un boqueteau où des
sangliers ont été rembuchés. De ce buisson, sort un renard volé par Jean mais
qui n’en veut pas puis par Corentin qui fait une remontée très puissante avec
Diégo mais n’aura pas le temps ni la place de prendre. Pendant ce temps, nous
attendons une réorganisation qui ne vient pas. Aurélien prend les choses en
mains et nous demande de nous réaligner dans le colza que nous avons effleuré.
La ligne se lance avec Sarembaï et Altin. Très vite je vole un lièvre très
court que Sarembaï manque de rien. Aurélien lance quelques secondes plus tard
Altin sur un lièvre court aussi et conclut de la même manière. Les aigliers de
retour de leur ballade, se joignent à nous en ligne correcte, mais il faut
rapidement redresser. Corentin vole un lièvre gîté, de belle manière, Diégo
fait un vol puissant, mais, comme les autres, manque. A ce moment, une fois
Diégo récupéré, Aurélien vole un lièvre qui, contrairement aux autres partis en
montée, s’élance dans la descente à pleins godets. Altin monte comme il sait le
faire, et plonge sur ce lièvre que tous nous croyons pris, mais il n’en est
rien, il lui flanque un coup violent sur le côté et le lièvre rebondit
littéralement au-dessus d’ Altin qui glisse sans griffer sous l’animal. Une
seconde ressource et c’est un nouveau plongeon sans succès. Décidément, les
lièvres poitevins sont aujourd’hui imprenables. Nous rentrons désormais vers
les voitures sans plus y croire du tout. Un énième lièvre est sorti d’une haie
épaisse juste devant moi. Je le vole et Sarembaï l’entreprend comme un avion de
chasse. Il le remonte sans aucune difficulté et frappe avec une brutalité rare,
et là encore, le lièvre est bloqué sous l’aigle, mais dans un coup de rein, il
se libère. Nous n’y croyons pas, il le tenait, c’est sûr, et le relâche comme
cela ? Non, ce n’est pas possible et pourtant si. Aucun lièvre ne sera
pris. Les voitures sont là, les aigles débippés, remis en caisse et nous
rentrons vers Lencloître pour un dernier verre. Nous remettons une épingle de
notre équipage à Gilbert sans qui rien de tout cela n’aurait vu le jour. La
dislocation est rapide car la route de retour doit éviter les bouchons et il
reste encore des kilomètres à faire pour certains.
Pour
moi, cette journée sonne la fin de saison ; je noue la longe ce soir après
une gorge bien méritée, même s’il eut été préférable de le gorger sur une
dernière prise. Aurélien a noué la longe avec Djaïa la semaine dernière, il
fait de même avec Altin ce soir. Les Roussel pensent encore voler un peu, de
toute façon, la fin sonnera le 29 cette année. Jean-Yves arrête définitivement
Toundra qui va rejoindre un copain en volière. Espérons qu'il trouvera un
remplaçant rapidement. Ces trois jours ont été merveilleux, les aigles ont fait
plus de 80 vols avec un lièvre pris, ce qui en dit long sur la vélocité de ces
animaux en février. Josef m’a toujours dit que prendre un lièvre après Noël
était de l’ordre du coup de chance, je finirai par le croire.
Merci
à toutes et tous, aigliers, suiveurs, cuisiniers, organisateurs, spectateurs,
accompagnateurs, chasseurs de chaque mode, vous êtes nécessaires à la poursuite
de notre Art.