Comme chaque année, la FICIF nous a préparé une réunion de vol en région
parisienne les 19 et 20 octobre derniers. Les aigliers étaient sept :
Corentin R. , Jean-Philippe R. , Romuald De R. , Jean-Louis L. , Melissa
M. , Titouan de C. , Aurélien D , Johanna, débutante sans oiseau,
Valentin, débutant sans oiseau. Le premier jour, nous avons volé 35
lièvres dans des conditions compliquées, pluie, vent, dont trois ont été
pris. Le deuxième jour, une petite dizaine de lièvres ont été vus,
trois ont été volés deux pris. peu de chevreuils ni vus ni pris. Malgré
un tableau assez faible (ce qui n'est jamais un but en soi), nous avons
passé un bon moment en compagnie des chasseurs d'un jour venus pour un
dimanche à la chasse. Un grand merci à la FICIF qui fait tant pour faire
connaître la chasse sous toutes ses formes, et ainsi permettre à tout
un chacun de s'informer de la plus belle des manières, en nous suivant
sur le terrain.
Réunion en région parisienne organisée par la FICIF.
Nous sommes le 19 octobre 2024 et comme chaque année, Pierre de
Lubersac et ses comparses de la FICIF nous attendent après avoir mis un
certain temps à décider si ce rassemblement de chasseurs au vol se
ferait ou non. En effet, les conditions météorologiques de ces derniers
jours ont "noyées" la région sous plus de 90 mm d'eau. Mais la ténacité
des ces gens est telle que les territoires se sont finalement ouverts à
cette organisation.
Les fauconniers, autoursiers, esparveteurs, aigliers se
présentent vers neuf heures du matin après, pour certains, plusieurs
heures de route. Une courte présentation de Pierre est offerte et les
groupes dispatchés. Les quelques suiveurs et chasseurs intéressés par
cet évènement se joignent aux différents groupes qui s'éparpillent en
Yvelines. Je ne vous conterai que la journée des aigliers car, n'étant
pas divisible, je ne peux pas relater les aventures des autoursiers et
des autres.
Nous sommes huit aigliers ANFA et extérieurs, une future aiglière
débutante, un jeune nouvel aiglier débutant sans oiseaux, quelques huit
ou dix suiveurs. Nous roulons jusqu'à Orsonville chez Monsieur Dugué,
qui nous offre gentiment ses territoires souvent giboyeux. Il pleut
légèrement ce qui peut gêner le vol de nos oiseaux. Nous entrons dans un
grand champ de colza court encore tout petit. Le couvert est assez
faible mais par ce climat, peut-être les lièvres seront présents.
Certains d'entre nous démarrent en parapluie, ustensile utile contre la
pluie, mais qui peut provoquer des situations inattendues. Un lièvre
déboule devant moi, le temps de lancer le parapluie, déchaperonner, se
dépatouiller du béret tombé dans l'action, le capucin est déjà bien
loin. Mélissa le vole mais contre un petit vent, c'est trop difficile.
Ari vole en bout de ligne, toujours contre le vent, sa forme ne peut
remonter jusqu'au capucin. Un peu plus loin, Aurélien vole un lièvre qui
part loin devant, contre le vent, le remonte et le coiffe prestement.
Comme il a trois aigles à voler, il gorge Cheappy, et cherche Taïga,
l'aigle de Christophe qui ne peut toujours pas nous suivre aigle au
poing. Romuald vole aussi pendant cette traque. Corentin et son père ne
voleront pas sur ce mouvement. Titouan non plus. Nous virons à droite et
Jean-Philippe vole un lièvre en vent de trois quart, ce qui donne un
petit avantage à l'aigle. Pourtant, si le vol fut ferme et franc, il n'y
a pas eu prise. Titouan, dans les mêmes conditions, vole un lièvre
franchement et, jusqu'au bout, ne lâchera pas sa soutenance. Il ne prend
pas non plus. Dans la même traque Corentin, Moi-même, volent
successivement sans conclure. Nous revenons vers les voitures en
tournant autour de la ferme, un lièvre déboulant vers nous est annoncé
par Aurélien placé haut dans le champ, l'animal me fonce droit dessus,
je ne sais pas quelle panique m'a prise, mais j'ai lancé Sarembay à
trois mètres derrière moi alors qu'en attendant quelques seconde, je
pouvais le servir royalement ; bilan un superbe manqué très mal
orchestré. On fait des fautes à tout âge..... En rentrant aux voitures,
Auréline vole un lapin malade qui se dérobe devant lui, cela fait grand
bien à Taïga qui démarre sa saison. Le casse-croûte habituel est pris
sur le pouce et le partage est bien sympathique. Nous reprenons
l'après-midi avec un temps un peu meilleur ; il ne pleut plus, le vent
est assez faible. Nous nous déplaçons de quelques centaines de mètres
pour quêter les plantations d'estragon. Ici, les lièvres sont très durs à
prendre, personne ne sait pourquoi, mais c'est un constat depuis des
années. Ils sont aussi plus clairs, d'un pelage contrasté, et leur chair
est particulièrement délicieuse. Nous entreprenons le champ dans le
sens des sillons, juste en vent de trois quarts. Ainsi, l'aller et le
retour seront d'égale efficacité. Les vols se succèdent à vive allure,
les animaux sont bien présents. Jean-Philippe vole deux ou trois fois
sans plus de succès, mais c'est le lot des oiseaux jeunes. Il leur faut
comprendre le fonctionnement de la défense des lièvres. Il leur faut
aussi acquérir une musculature suffisante pour atteindre le point de
combat avec assez de réserves pour combler les esquives. C'est souvent
là que pêchent les jeunes aigliers voulant aller trop vite en besogne.
Ce n'est pas un défaut, c'est systémique. Un aigle demande plusieurs
années de travail avant d'atteindre sa pleine puissance, On ne peut
obtenir rapidement ce qui demande un certain temps de préparation. Sur
le retour, Sarembay entreprend un lièvre qui part en retour. Il le
coiffe à la sortie d'une flaque d'eau sale, il me faudra le laver ce
soir. Je récompense car ce vol était suffisamment fort pour cela. Quatre
vols pour un lièvre, c'est un bon résultat. Melissa, un peu plus haut
dans le champ, vole un lièvre assez court que son aigle coiffe dans le
labour voisin. C'est un vol court, vif, assez puissant, qui aboutit à
une conclusion positive. Cet aigle est en montée, il nous en montrera
d'autres. Titouan fait aussi des vols très intéressants qui pourtant
n'aboutissent pas. Il faut tenir bon, cet oiseau promet beaucoup, il est
jeune, très tenace, La chance ne va pas tarder à le servir. Je reste
hors de la chasse en compagnie d'Emmanuel Filou, membre de notre
équipage, suiveur assidu. Le reste des chasseurs court la plaine un peu
plus loin dans un grand champ de betteraves d'où sortiront encore
quelques lièvres sans pour autant qu'ils ne soient pris. Nous n'aurons
pas vu de renard, pas de chevreuil non plus, 35 lièvres ont été volés,
trois ont été pris. Malgré la pluie qui aurait pu attrister la journée,
nous avons passé un très bon moment de chasse où tous ont eu la chance
de voler trois ou quatre fois. Ce n'est pas toujours le cas, c'est bien
de le noter.
Le lendemain, nous chassons au domaine de Marly le Roy. Ce domaine
de 400 ha clos est peuplé de chevreuils, de sangliers, de renards, de
lièvres. Nous avons trois bracelets de lièvre et un de chevreuil. C'est
la journée de découverte de la chasse pour des profanes aimant à
s'informer. Une vingtaine de suiveurs nous accompagnent dans une file de
voitures qui ne tarde pas à se disloquer. Nous mettrons un peu de temps
à retrouver tout le monde, mais tout se passera bien. Ari nous fait une
présentation très didactique et pédagogique. Les consignes de sécurité
sont expliquées aux enfants ainsi qu'à leurs parents. Ainsi, cette
journée ne verra aucun incident.
Nous démarrons par le grand pré de droite, le long du mur
d'enceinte, bordé d'un buisson haut tout du long. Quelques traqueurs se
postent dans ce buisson en avançant tranquillement. La ligne est dure à
tenir, les nerfs des chasseurs sont mis à rude épreuve, si bien qu'au
bout de trois quart d'heure, il y a trois lignes qui ne se connaissent
plus. Comme on dit quelquefois, c'est le bord.... Au bout du champ,
quelques chevreuils butent contre un buisson très épais, et, comme les
traqueurs ne connaissent ni notre chasse, ni le terrain, il quittent la
traque, ce qui permet aux chevreuils de rebrousser chemin le long du
mur. Échec sur toute la ligne. Nous nous réalignons pour le retour ;
c'est cette fois-ci bien plus sérieux. Un premier lièvre quitte son gîte
devant Mélissa qui le vole parfaitement ; je crois que c'est pris, mais
la légère déclivité du terrain m'empêchait de voir le lièvre sortir des
griffes de son aigle. C'est vraiment dommage car c'était un très beau
vol. Corentin vole une chevrette qui sort du bois. Un vol un peu long
pour elle qui montre qu'elle manque de fond. Aurélien jette aussitôt
juste derrière, pensant que la direction prise par le chevreuil lui
permettrait de voler le temps que Corentin récupère son oiseau. Mais
c'est que ce chevreuil change de stratégie et de direction. Ce qui
laisse le temps à Djaïna de voir l'aigle posé au sol, ce qui lui signale
qu'elle à peut être quelque chose dans les griffes. Djaïna abandonne le
chevreuil pour voler en direction de l'aigle de Corentin qui, fort
heureusement, arriva sur les lieux à ce moment. C'est mieux ainsi,
c'eut été dommage de voir deux aigles si puissants se griffer. Nous
continuons la quête de ce champ qui n'en finit pas. Un lièvre suivant
gicle de son gîte devant Mel et Titouan, mais aucun ne vole. Le lièvre
est loin de moi, mais, voyant que personne ne vole, je lance Sarembay
qui prend le vent pour provoquer une accélération qui le fait rejoindre
rapidement le fuyard. Il le rattrape en moins de temps qu'il en faut
pour le dire et le coiffe magistralement à la vue de toutes et tous. Je
rejoins Sarembay pour le récompenser et pour écourter le temps entre les
vols. Nous continuons cette traque par un boqueteau d'où pourrait
sortir un renard ou un chevreuil. Aurélien contourne un autre petit bois
sur la gauche d'où sort un chevrillard qui prend la plaine plein nez au
vent. Impossible pour Djaïa de rejoindre, une fois de plus c'est
dommage car cet aigle mérite.
Nous rejoignons les
voitures pour le casse-croûte de midi. De multiples échanges de
spécialités de toutes sortes déclenchent des discussions de quelques
instants. Puis, nous repartons derrière la ferme centrale traquer les
boqueteaux que m'a décrits Ari, absent cette après-midi. Les boqueteaux,
bien plus épais qu'on ne me les a présentés, nous perdent et perdent le
reste des suiveurs. Nous stoppons là cette débâcle infructueuse, ne
permettant à aucun de voler quoi que ce soit. Nous nous rejoignons vers
la ferme et entreprenons les arrières, composés de tirées, petites
clairières, boqueteaux à dimensions humaines. Les quelques personnes qui
nous accompagnent à ce moment, entrent dans les bois pour battre. Un
lièvre me sort dans les lieds, je cherche mes voisins, personne, je vole
et crie "ça vole". Le lièvre est déjà à quarante mètres de moi et part
tout droit dans un chemin de deux mètres de large. Il ne fera aucun
crochet, ce qui lui a valu de ne pas faire un plis. Sur ce deuxième
lièvre du jour, je récompense définitivement. Aucun chevreuil ne sort
des bois ni des tirées, nous ne verrons plus un lièvre. Comme l'heure
avance et qu'il nous faut être dans trois quart d'heure au tableau nous
sautons dans les voitures pour rentrer. Ces deux journées ont été
intéressantes pour tous ; j'espère que les chasseurs d'un jour qui nous
ont suivis n'ont pas été trop frustrés.
Un grand merci à la FICIF qui fait d'énormes efforts pour
vulgariser et faire connaître la chasse sous toutes ses formes. Merci à
Pierre et son équipe sans qui tout cela n'existerait pas. Merci à tous
les fauconniers qui se sont déplacés quelquefois de fort loin pour
assister et faire vivre ces journées.